« Je m’étouffe » : la présidente de l’UFC-Que Choisir dénonce l’explosion des dépassements d’honoraires, notamment par les médecins spécialistes

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En 2024, les dépassements d’honoraires ont atteint un niveau inédit : 4,5 milliards d’euros facturés par les médecins libéraux. Dans un billet sans détour, Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir, alerte sur une dérive qu’elle juge « inquiétante » et appelle à une réforme radicale du secteur 2.

« Je m’étouffe » : la présidente de l’UFC-Que Choisir dénonce l’explosion des dépassements d’honoraires, notamment par les médecins spécialistes

© Midjourney x What's up Doc

Des dépassements en hausse constante : « 4,5 milliards d’euros, jamais un tel sommet n’avait été atteint »

Pour la présidente de l’association de défense des consommateurs, le rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) est « riche d’éléments particulièrement intéressants… et inquiétants ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 4,3 milliards d’euros sur 4,5 proviennent des seuls spécialistes. Entre 2019 et 2024, leurs dépassements ont augmenté de 5 % par an hors inflation.

La part des médecins exerçant en secteur 2 n’a jamais été aussi élevée : elle est passée en quatre ans de 37 % à 56 %. « Trois-quarts des spécialistes qui s’installent le font désormais en secteur 2, contre deux-tiers en 2017 », déplore Marie-Amandine Stévenin.
Certaines spécialités battent des records : « Les stomatologues, les rhumatologues et les gynécologues-obstétriciens qui ont débuté leur activité entre 2022 et 2024 ont choisi dans plus de 90 % des cas de pratiquer des dépassements ».

Autre exemple : « 55 % des pédiatres ne respectent pas le tarif de la Sécurité sociale, contre moins de 40 % en 2016 ». Une évolution liée au fait que « 77 % des pédiatres récemment installés l’ont fait en secteur 2 ».

Le taux moyen de dépassement atteint aujourd’hui près de 50 %, après plusieurs années de progression continue. « S’inscrire en secteur 2 plutôt qu’en secteur 1 est un choix. Pratiquer des dépassements exorbitants plutôt que d’adhérer à l’OPTAM est un choix », insiste la présidente.

Un accès aux soins de plus en plus inégal

Pour l’UFC-Que Choisir, cette flambée des honoraires n’est pas sans conséquence : « Si les malades payent de plus en plus de dépassements, nombre d’entre eux doivent renoncer à se faire soigner. Derrière les chiffres, il y a les maux. »
Et face à l’argument du « libre choix du médecin », Marie-Amandine Stévenin se montre cinglante : « Quand je vois cette inégalité territoriale d’accès aux soins croissante, et que les pouvoirs publics prétendent garantir l’égal accès de chacun aux soins, je m’étouffe. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/medecins-comment-sinstaller-en-secteur-2

Les demandes de l’UFC : fermer le secteur 2 et plafonner les honoraires

Alors que le HCAAM s’apprête à formuler ses recommandations, la présidente de l’UFC-Que Choisir appelle à des mesures fermes :

  • Fermer l’accès au secteur 2 pour les nouveaux médecins ;
  • Plafonner strictement les honoraires des praticiens déjà installés dans ce secteur.

Ces propositions, selon elle, constituent les seules réponses crédibles à une dérive qui mine l’équité du système de santé : « Les dépassements d’honoraires ne sont pas une fatalité, mais une politique que l’on tolère. »

L’UFC-Que Choisir (Union fédérale des consommateurs - Que Choisir) est une association française de défense des consommateurs, créée en 1951 et reconnue d’utilité publique. Elle agit pour protéger les citoyens face aux abus des entreprises et des institutions, en menant des enquêtes indépendantes, des actions en justice et des campagnes d’information. Présente sur tout le territoire via plus de 140 associations locales, l’UFC-Que Choisir milite pour la transparence des prix, la qualité des services et l’équité dans les secteurs clés comme la santé, l’énergie, les télécoms ou l’alimentation.

 

1 commentaire(s)
Philippe D Chirurgie orthopédique et traumatologique 15 octobre 2025 19:47

Étonnant pour quelqu'un qui est censé analyser la situation avec finesse de ne voir qu'un côté de la lorgnette.

Cette dame ne s'interroge pas sur le fait que les mutuelles qui au départ ne sont pas censés faire de bénéfices font 13 milliards de bénéfices annuels, ce qui couvre très très largement, l'ensemble des dépassements d'honoraires et leur laissera encore presque plus de 8 milliards de bénéfices s'ils faisaient leur boulot.

Quand les tarifs, en ce qui concerne la chirurgie n'ont quasiment pas évolué depuis 40 ans, il faut pas s'étonner que 40 années plus tard, les dépassements d'honoraires soient aussi important. 

Et pourtant, malgré cela est revenu des médecins en libéral, ne s'envole pas du tout, au contraire.

Mais c'est sûr que remettre en cause les mutuelle c'est plus compliqué. À propos de ne pas faire de bénéfices d'ailleurs on se demande pourquoi les politiques ont fait sauter discrètement cela et pourquoi malgré les demandes itératif de la cour des comptes, les mutuelles refusent de publier leur comptabilité..

Bref bien compliqué de voir aussi que le problème, mais quand le sage montre la lune, l'idiot, regarde le doigt.

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