Izabela, morte à 30 ans faute d’avortement, en Pologne : trois médecins condamnés

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Trois médecins d'un hôpital en Pologne ont été condamnés jeudi à des peines de prison pour avoir trop attendu avant de décider d'un avortement chez une patiente décédée aussitôt des suites d'un choc septique, dans ce pays où la loi sur l'avortement compte parmi les plus strictes d'Europe.

Izabela, morte à 30 ans faute d’avortement, en Pologne : trois médecins condamnés

© Midjourney X What's up Doc

La patiente, âgée de 30 ans et dont la grossesse avait commencé 22 semaines plus tôt, est morte en septembre 2021 dans un hôpital à Pszczyna (sud). À peine un an plus tôt, le tribunal constitutionnel, soutenu par le gouvernement nationaliste de l'époque, avait proscrit l'interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du foetus.

La loi anti-IVG permet aux médecins de pratiquer un avortement en cas de viol ou d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger, mais dans la pratique, elle est tellement restrictive que les médecins ont peur ou hésitent à le faire.

La mort de la jeune femme, arrivée à l'hôpital pour de graves troubles liés à sa grossesse, avait provoqué une série de manifestations à travers la Pologne.

Les médecins auraient dû agir

Les trois médecins ont été reconnus coupables. Deux d'entre eux ont été condamnés à plus d'un an de prison ferme et le troisième à un an de prison avec sursis, ainsi qu'à l'interdiction d'exercer leur profession pendant une période de quatre à six ans, a écrit sur le réseau X Jolanta Budzowska, l'avocate de la famille.

Les motifs du jugement n'ont pas été divulgués publiquement par le tribunal de première instance de Pszczyna.

« Les médecins, même s'ils auraient dû agir, n'ont pratiquement rien fait pour sauver la vie de Izabela », a déclaré l'avocate citée par l'agence PAP.

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Malgré l'échec du pouvoir nationaliste conservateur aux élections législatives d'octobre 2023, la Coalition civique du Premier ministre Donald Tusk, qui s'était engagée à assouplir la loi sur l'accès à l'avortement, n'a pas obtenu le soutien au parlement pour faire passer les changements.

La victoire récente du candidat nationaliste à l'élection présidentielle, Karol Nawrocki, opposé à l'idée d'assouplir les lois anti-avortement, a réduit les chances d'une telle évolution.

Selon des chiffres officiels, seuls 896 avortements ont été pratiqués en 2024 dans ce pays de 38 millions d'habitants. Mais un réseau nommé Avortement sans frontières a déclaré avoir soutenu 47 000 personnes pour l'accès à l'avortement la même année.

Avec AFP

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