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« Si notre nouveau Ministre de la Santé se félicite de cette « avancée », le SML considère qu’il s’agit d’une régression inquiétante pour nos concitoyens et pour la médecine française », a lancé le syndicat dans un communiqué paru hier.
« Il faut 10 ans d’études difficiles » pour apprendre la médecine. Avec ce décret, « les IPA seraient autorisés désormais à pratiquer les mêmes actes médicaux après quelques mois de formation », a regretté le syndicat.
Selon un décret paru mardi 21 janvier au Journal Officiel, les infirmiers en pratique avancée (IPA) peuvent désormais, dans certaines conditions, recevoir des patients et prescrire sans l’intervention d’un médecin.
En application de la loi Rist de 2023 sur l’amélioration de l’accès aux soins, celui-ci ouvre le droit à la primo-prescription pour les professionnels exerçant en établissement de santé, et en libéral dans le cadre d'un exercice coordonné. Il supprime aussi le protocole d’organisation entre l’IPA et le médecin.
La liste des médicaments, examens et autres actes que les IPA pourront prescrire seront connus ultérieurement par arrêté du ministère.
Différence tarifaire
Le ministre de la Santé Yannick Neuder s’est félicité dans un post sur X d’une « avancée qui vient concrètement renforcer l’accès aux soins de nos concitoyens ».
L’Ordre National des infirmiers a, lui, « salué », dans un communiqué, une mesure très attendue par la jeune profession, créée en 2016 pour permettre de libérer du temps pour les médecins, notamment dans le suivi des patients en ALD.
« Elle s’inscrit dans l’évolution souhaitable des compétences infirmières et du rôle des infirmiers dans notre système de santé. », a déclaré sa présidente Sylvaine Mazière-Tauran, citée dans le communiqué.
Mais pour le SML, l’opposition est également d’ordre financier. Le syndicat, qui « continue de demander » une revalorisation des consultations, déplore une consultation plus rémunératrice pour les IPA (60€ en première consultation, 50€ en suivi tous les trois mois), que pour les pédiatres (« 23€ (en secteur 2, ndlr) pour un adolescent de moins de 16 ans »).
La consultation en pédiatrie a toutefois été revalorisée, comme dans plusieurs spécialités, au 22 décembre, passant par exemple à 31,50€ pour une consultation de suivi de l'enfant de plus de six ans.
De plus, selon le SML, « le retour catastrophique » de l’expérience britannique en la matière « devrait appeler à la prudence ».
Le Royaume-Uni a ouvert dans les années 1990 le droit aux infirmiers de pratiquer certains actes médicaux, dans un contexte de pénurie de médecins. Puis il a introduit la notion de « nurse prescribing » en 2002, permettant d’élargir le champ des prescriptions.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/soin-en-partage-quand-lherbe-est-plus-verte-ailleurs
En Europe, une quinzaine de pays autorisent, à différents degrés, les infirmiers à réaliser certains actes médicaux.