Exercice mixte, salariat : « Il faut développer ces nouveaux modes d’exercice »

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Que pensent les professionnels de santé du dispositif du « 400 médecins généralistes » ? Nous avons posé la question à un directeur d’hôpital qui a déjà expérimenté des dispositifs similaires dans le Cotentin.

Exercice mixte, salariat : « Il faut développer ces nouveaux modes d’exercice »

En septembre 2018, le président de la République annonçait le recrutement de 400 généralistes dans les déserts médicaux. Le dispositif « répond à une attente du côté des médecins », témoigne Maxime Morin qui exerçait encore il y a quelques semaines la fonction de directeur d’hôpital au centre hospitalier public du Cotentin à Cherbourg-en-Cotentin (50), situé dans un territoire qui « souffre particulièrement de la démographie médicale ».
 
Désormais chef d'établissement du centre hospitalier René Provo de Roubaix (59), Maxime Morin est un observateur privilégié de l’évolution du système de santé. En effet, il est aussi secrétaire général adjoint du Syncass-CFDT, le premier syndicat des directeurs de la fonction publique hospitalière. C’est dans ce cadre qu’il a assisté de près à la mise en place du dispositif d’accompagnement des postes d’assistants spécialistes partagés (ASP) entre deux établissements de santé. Objectifs : pallier la crise démographique tout en offrant un post-internat aux internes de la région.
 

Success story

Verdict de Maxime Morin ? « Ce dispositif a très bien fonctionné en Normandie. L’ARS a participé au financement de manière assez importante. Côté jeunes médecins, il y a eu un très bon niveau de réponse. Il y avait systématiquement plus de candidats que de postes à pourvoir dans les spécialités pour suivre des formations. »
 
Une réussite qui fait dire au directeur d’hôpital que les 200 postes de médecins généralistes à exercice partagé entre l’hôpital et la ville, issus du dispositif gouvernemental, « devraient connaître le même succès que celui des ASP. C’est une idée intéressante car on va appliquer ce type de dispositif à la médecine générale ». En effet, jusqu’à présent, « cela existait uniquement pour les spécialités. »
 
Pour que la réussite soit maximale, Maxime Morin recommande que les deux activités de l’exercice partagé (hôpital et ville) ne soient pas trop éloignées, dans « une optique de future installation et de bonne connaissance du territoire ». Il estime également que le recrutement de 200 médecins à l’échelle de la France pourrait être « un peu juste », car « il risque d’y avoir beaucoup de demandes pour peu d’élus. » Tout en admettant: « C’est vrai que c’est une expérimentation et qu’il faut bien un début à tout. »
 

Les nouveaux médecins salariés

A propos du recrutement de 200 autres médecins généralistes (salariés, ceux-là), le directeur d’hôpital constate qu’il y a « un appétit qui va grandissant pour le salariat ». Et d’afficher son optimisme sur leur réussite, puisque des expériences locales similaires semblent bien fonctionner.  À l’image du Conseil départemental de Saône-et-Loire qui « a décidé d’aller vers un salariat élargi pour un nombre très important de médecins », rappelle Maxime Morin.
 
Résultat ? « Cela permet aussi bien à des jeunes qui ne voulaient pas s’installer de prendre cette option, mais aussi à des remplaçants de se stabiliser, ou à des praticiens qui exerçaient en ville ou en hôpital de bifurquer pour aller vers le salariat. »
 
Mais le directeur d’hôpital se veut vigilant sur deux points. Premièrement, les personnes qui vont vers le salariat vont aussi souvent vers le confort d’exercice. Or, si ce confort d’exercice signifie moins de temps de travail, il faudra veiller à ce que cela n’entraîne pas une perte de ressources médicales. » Deuxièmement, il ne faudra pas non plus que l’attrait pour ce mode d’exercice conduise au phénomène suivant : « que l’on ne trouve plus personne pour exercer dans des secteurs où l’on sait qu’il y a des contraintes fortes. » Maxime Morin fait référence « au statut de PH qui impose de participer à la permanence de soins ». Mais aussi aux « médecins qui travaillent dans les services d’urgence où les conditions de travail sont dures. »
 

Rendre ces modèles attractifs

Et de conclure à propos du « dispositif 400 médecins généralistes » : « Il faut développer ces nouveaux modes d’exercice. Tout d’abord parce que cela peut permettre à un certain nombre de praticiens qui en ont assez de leurs conditions de travail ou de leurs conditions d’exercice actuelles, de continuer à travailler. Mais aussi parce que cela attire les jeunes qui sont tentés par le salariat. »
 
Mais il faudra veiller à rendre « attractives ces nouvelles formes d’exercice salarial » et à « trouver un équilibre entre la rémunération, les conditions de travail et les contraintes propres à ce type d’exercice ». Sous peine de voir les médecins s’envoler vers d’autres d’horizons !
 
Vous êtes intéressé par l’un des 400 postes de médecins généralistes ? Rendez-vous sur remplafrance.

 
 

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