EVC 2024 : 800 Padhue restent sur le carreau pour manque de postes, « un scandale »

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Plusieurs syndicats déplorent le faible nombre de médecins à diplôme hors-union européenne (Padhue) retenus à la session 2024 des EVC, épreuves qui conditionnent leur autorisation d'exercice en France. Les premiers concernés et les associations de soutien dénoncent une nouvelle « discrimination » envers des médecins dévoués qui « tiennent les hôpitaux à bout de bras ». 

 

EVC 2024 : 800 Padhue restent sur le carreau pour manque de postes, « un scandale »

© Midjourney x What's up Doc

Beaucoup de déçus. Le CNG a publié fin janvier la liste des candidats ayant satisfait aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) qui seront autorisés à exercer pleinement la profession en France. 

Problème : sur près de 4 000 postes initialement annoncés, soit 1 000 de plus que la session précédente, seuls 3 044 ont finalement été pourvus. 

Résultat, de nombreux candidats, ayant parfois obtenus de très bonnes notes « se retrouvent sur le banc de touche », a déploré la Dr Kahina Hireche Ziani, secrétaire générale et porte-parole du syndicat SOS PADHUE dans une lettre ouverte au ministère. 

« 20% des postes ouverts ne sont pas pourvus. S’agit-il d’un "concours dans le concours" » ? », a également pesté la Fédération des praticiens de santé (FPS) dans un communiqué, notant dans le même temps que les spécialités les plus en tension présentent les taux de réussite les plus bas. 

À cette suppression de postes s’ajoute « l’attribution de postes supplémentaires à certaines spécialités, ce qui remet profondément en cause le principe d’égalité entre les candidats », selon l’association Ipadecc (Intégration des praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise sanitaire) qui dénonce « un scandale ».

Recalé à 12/20 

Dr Abdelhalim Bensaidi, diabétologue à Nanterre et vice-président de l’association Ipadecc, fait partie des recalés, ayant pourtant obtenu une moyenne de 11,3 pour sa deuxième tentative. 

Mais dans sa spécialité, sur les 800 postes ouverts, moins de 500 ont été pourvus. « Si la totalité des postes annoncés avait été conservés, je serais passé », estime celui qui exerce en France depuis maintenant six ans. 

« Comment comprendre qu’un jury puisse préférer un médecin venant de l’étranger, n’ayant aucune connaissance de notre système de santé, et ayant obtenu une moyenne de 12 au concours, à un praticien déjà intégré, compétent et pleinement engagé au service des patients français ? », s’est-il agacé, dans un communiqué de l’association.

Depuis longtemps, Ipadecc, comme plusieurs syndicats, milite pour une régularisation sur dossier des Padhue déjà en exercice, et non plus sur la base d’un concours qu’ils ne sont pas en mesure de préparer correctement, à cause d’une charge de travail trop importante. 

Pas le temps pour réviser

Le collectif dénonce le principe d’« inégalité » au fondement des EVC, estimant que les candidats qui les passent depuis l’étranger sont « avantagés » par rapport aux médecins exerçant déjà dans le pays. 

Parmi les facteurs inégalitaires, la FPS a pointé la surcharge administrative à laquelle certains Padhue sans nationalité française peuvent être confrontés, la précarité de leur statut les forçant à enchaîner les gardes pour s’assurer un revenu décent, ainsi que l’absence d’un temps dédié à la préparation des épreuves, les obligeant à « se former sur leur temps de repos ». Autant de contraintes auxquelles les candidats de l'étranger ne font pas face. 

« Il est inadmissible que ces professionnels, qui ont déjà prouvé leur valeur sur le terrain, soient traités avec tant de mépris et soumis à un processus de sélection aussi inéquitable », a encore fustigé Ipadecc, sollicitant une rencontre avec le ministre de la Santé Yannick Neuder.

Emmanuel Macron avait promis, en janvier 2024, de régulariser les Padhue qui n’avaient pas satisfait aux épreuves. « Mais rien n’a changé pour nous depuis », soupire Abdelhalim Bensaidi. « Il est temps que le gouvernement assume ses responsabilités et engage une réforme en profondeur du statut ». 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/pourquoi-les-padhue-nexerceraient-ils-pas-dans-les-deserts-medicaux-un-hopital-de-campagne

Dans une note publiée conjointement aux résultats, le CNG a rappelé que « les jurys des différentes spécialités sont souverains pour arrêter leurs délibérations finales et arrêter sur ces bases la liste des lauréats sans avoir à pourvoir l’intégralité des postes initialement ouverts au recrutement », ajoutant que les copies avaient fait l’objet d’une double correction impartiale et équitable. 

1 commentaire(s)
Nicolas P Chirurgie cardiovasculaire 5 février 2025 21:54

Bonsoir;

Sincèrement, je me permets juste d'ajouter un point de vue...Le sujet du concours est un cas clinique... certes un peu compliqué, mais il est très représentatif d'un cas réel... N'importe quel praticien qui maîtrise son sujet est censé y répondre correctement.

Sans concours comment peut-on être sûr des connaissances des praticiens, sachant qu'après le concours ils ont encore un parcours de consolidation de connaissance à faire.

Et ceux qui disent qu'on a déjà fait nos preuves,  déjà un FFI exerce sous la responsabilité d'un senior  et 

une dérogation a déjà permis à ceux qui ont  déjà exercé de régulariser leur situation.

Et si des praticiens ont réussi le concours, cela prouve que c'est faisable...

Bien cordialement.  

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