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« Il existe des médecins diplômés hors de l'Union européenne qui soignent au quotidien dans nos hôpitaux mais qui n'ont pas le droit de travailler en zone rurale pour une population désemparée », a expliqué à l'AFP Justine Guyot, la maire PS de Decize (10 000 habitants).
L'élue, qui a récemment pris un arrêté « interdisant » de tomber malade dans sa commune « sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale », a décidé d'interpeller à nouveau l'Etat en réunissant une dizaine de médecins dans la salle des fêtes, rebaptisée pour l'occasion « hôpital de campagne ».
Ersatz de consultations
Les docteurs, la plupart d'Afrique francophone, y ont prodigué « des conseils » à des habitants, l'espace d'une journée. Ils ne pouvaient en revanche pas donner de vraies consultations, n'ayant pas l'autorisation d'exercer en France, faute d'équivalence de leurs diplômes.
« Pourtant, ces médecins étrangers travaillent déjà dans des hôpitaux français », avec une autorisation « temporaire » la plupart du temps, a souligné Mehdi Smati, président de l'Ipadecc, association militant pour l'intégration des « praticiens à diplôme étranger ».
Selon lui, ils seraient quelque 3 000 dans ce cas. « Ils ont fait leur preuve et sont prêts à venir s'installer en France et faire face à ce problème de désert médical », a-t-il assuré.
« Quelle est la logique à ce qu'ils ne soient pas reconnus à leur juste valeur alors qu'un médecin roumain, lui, va être reconnu parce qu'il est membre de l'Union européenne », s'est interrogé Philippe Brun, député PS de l'Eure, « premier désert médical de France métropolitaine », selon lui.
« C'est aberrant », a dénoncé Pascal Thomas, sortant d'une « consultation » symbolique avec un gérontologue algérien. « C'est des médecins comme les autres. Ils ont fait des études. Pourquoi ne pas les faire exercer ?», se demande ce Nivernais de 59 ans, qui cherche un médecin depuis un an afin de suivre son hypertension.
Désert médical, espérance de vie réduite
Le Dr Oussama Houari, qui vient de prodiguer quelques conseils à M. Thomas, travaille « depuis septembre 2020 en Haute-Saône en tant que stagiaire associé faisant fonction d'interne, avec autorisation temporaire d'exercice », dit-il. « J'aimerais bien rester et m'installer ».
« Dans la Nièvre, on vit quatre ans de moins que dans la moyenne nationale. Ça s’explique effectivement parce que moins de prévention, parce que moins de médecins », a rappelé Justine Guyot.
Avec AFP