© Jean-Philippe Grimaud / iStock
What’s up Doc : Qu’est-ce qui vous a amené à la médecine ?
Jean-Philippe Grimaud : J’ai un parcours assez classique. De mon temps, nous devions passer la médecine générale avant de pouvoir se spécialiser.
Mon grand-père, qui m'a donné l’appétence pour le bricolage, a eu des problèmes de cœur. C’est ce qui m’a poussé à devenir médecin. Au départ, je voulais être cardiologue. Puis, lors d'un de mes premiers stages à l’hôpital, j’ai intégré un service de chirurgie. Ça m’a beaucoup plu, surtout le côté efficacité et immédiateté.
La superposition s'est faite assez naturellement : j'aime la chirurgie, j'aime la cardiologie autant être chirurgien cardiaque.
Une fois diplômé, j'ai fait des remplacements comme tout médecin qui débute. Et, il y a une vingtaine d'années, j’ai eu l’opportunité de venir exercer à la clinique Saint-Augustin, classée 59e mondiale en chirurgie cardiaque en 2025.
J'ai prévu de m'arrêter dans 2 ans, mais j'aurais passé plus de 20 ans dans cette clinique.
Vous vous êtes lancé dans la plomberie. Comment a commencé cette aventure ?
J-P.G. : Au début, par nécessité. J’avais besoin d’un plombier mais ils n’étaient pas très réactifs. Ce n’est pas de leur faute, ils étaient juste surmenés. Personnellement, j’ai cette fibre bricoleuse transmise par mon grand-père. J’ai voulu essayer de faire les choses par moi-même.
Donc, j’ai regardé des tutos sur internet. J'ai appris à assembler des pièces de cuivre dans mon jardin. Et finalement, je ne me débrouillais pas trop mal. Ça ne fuyait pas en tout cas !
J’ai donc décidé de poursuivre pour être conforme aux règles de l’art. Il y a un institut de formation pour adultes à Bordeaux qui dispense des cours de plomberie.
Ma démarche n’était pas du tout de me professionnaliser. C'était simplement d'avoir des conseils pour ne pas faire n'importe quoi. En revanche, les neuf autres adultes qui étaient avec moi voulaient vraiment se reconvertir en plombier. Ils m’ont un peu engrainé ! L’idée a germé dans mon esprit et je me suis retrouvé à passer le CAP.
Compte tenu de mon niveau de formation, j’ai été dispensé des épreuves de français, maths, histoire-géo, etc. En revanche, toutes les épreuves techniques, je les ai bien réalisées. Et j’ai eu mon diplôme !
« J'essaie de limiter mon activité de plombier à deux demi-journées par semaine. Le reste du temps, je me consacre essentiellement à la chirurgie »
Quelle a été la réaction de vos confrères et collègues ?
J-P.G. : J’ai fait un mini buzz à la clinique ! Au début, ils n’ont pas trop compris. Mes confrères étaient surtout amusés, jusqu'à ce qu'ils aient besoin de moi. Petit à petit, les infirmières ou le personnel m'ont demandé si je pouvais aller vérifier leur chasse d'eau, leur robinet, leur machine à laver, etc.
Le bouche-à-oreille a fait son travail et j'ai réalisé des travaux de plus en plus fréquents chez des gens que je ne connaissais pas.
Mais, en faisant ces petits travaux, j’engage ma responsabilité et même si j'avais le CAP, j'ai voulu m'assurer en créant ma micro-entreprise. Bref, toute cette histoire était en marche sans que je contrôle vraiment.
Comment se découpe vos semaines ?
J-P.G. : Je ne suis pas chirurgien le matin et plombier l’après-midi. Je ne fonctionne pas comme ça. Il pouvait m'arriver de mettre ma casquette de plombier durant tout le week-end au début. Mais, j’ai ralenti. J’ai 62 ans et deux métiers c’est épuisant.
J'essaie de limiter mon activité de plombier à deux demi-journées par semaine. Le reste du temps, je me consacre essentiellement à la chirurgie sauf cas exceptionnel. Je ne travaille plus le week-end en tout cas. Je dois garder mon énergie pour mon premier et principal métier : la chirurgie cardiaque.
« Il n’est jamais trop tard pour changer de voie ou juste acquérir de nouvelles compétences. »
Un dernier message ?
J-P.G. : Cela fait 30 ans que je fais de la chirurgie et il y a peu de situations que je n’ai pas rencontrées au moins une fois dans ma vie. J’arrivais à une espèce de maturité chirurgicale. Je trouvais intéressant de sortir de ma zone de confort.
J’ai tiré une certaine satisfaction à me dire : « Je suis apprenti en plomberie, je pars presque de zéro. » Je devais me démarquer, progresser, faire des erreurs.
C’est aussi un message pour mes enfants. Ils ont un père bien assis socialement. Mais, ça n’empêche pas de se remettre en question. Il n’est jamais trop tard pour changer de voie ou juste acquérir de nouvelles compétences.
Après, dans mon cas, c’est surtout un loisir. La plomberie me permet de trouver un équilibre. C’est apaisant, tant que ça ne me met pas une charge supplémentaire sur les épaules.
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