
Dr Baptiste Beaulieu.
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Dr Baptiste Beaulieu, connu pour ses ouvrages et ses chroniques à la radio, a vécu une expérience traumatisante dans son cabinet médical à Toulouse. Un patient mécontent, et qu’il connait pourtant très bien, s'est montré agressif, allant jusqu'à tenter de le frapper et proférer des insultes homophobes.
Le médecin a relaté l'incident sur Instagram : « Ce matin, salle d'attente comble (c'était férié hier...), un patient veut passer devant tout le monde sans motif médical valable, je lui dis non (il y a des bébés qui attendent). Bref, il me parle mal, je pose mes limites et il dégoupille : il a levé la main sur moi. »
L'agression ne s'est heureusement pas concrétisée physiquement, mais les propos tenus étaient d'une grande violence : « Il s'est arrêté au dernier moment. Ensuite, il m'a traité de sale pédé et agoni d'insultes en tout genre, avant de menacer de venir 'un moment où il n'y aurait plus de patients en salle d'attente pour s'expliquer entre homme'. »
« Ça devient de plus en plus dur de croire en ce métier et d'y trouver du sens »
Cette expérience a profondément affecté Baptiste Beaulieu, qui est allé jusqu’à remettre son avenir dans la médecine : « Ça devient de plus en plus dur de croire en ce métier et d'y trouver du sens. À la base, j'exerce ce métier car j'aime les gens. »
Le médecin a décidé de porter plainte suite à cet incident. Il souligne également que ce type d'agression n'est malheureusement pas isolé dans la profession médicale : « Ce qui me désole, c'est d'entendre des confrères et consœurs me relater des faits similaires. Ce qui me désole, c'est que l'injustice sociale génère chez les plus fragiles une violence sociale. »
Aujourd’hui le médecin et auteur est revenu sur Instagram sur les suites de l’affaire, dans un message truculent comme à son habitude : « Merci pour vos messages adorables. Après avoir lu tous vos messages de soignants relatant des agressions j’ai malheureusement tendance à me dire que se faire agresser fait partie du métier de soignant, même si on ne devait jamais s’habituer.
J’ai donc porté plainte, mais je regrette déjà (d’abord ça prend un temps fou, puis j’ai l’impression de mettre ce pauvre type dans la merde…) #culpabilitéjudéchrétienne
Puis j’ai déjà dû aller au commissariat tellement souvent pour porter plainte contre des propos homophobes sur internet j’ai l’impression d’y passer ma vie.
J’ai été bien reçu par le commissariat et vraiment l’officier a été impeccable. Rien à dire.
Le truc c’est que cette violence verbale et physique ne naît pas de nulle part et je n’arrive pas à ne pas faire le lien avec l’injustice et la violence sociales que vivent tant de gens aujourd’hui. Sans doute que mon esprit cartésien essaie de trouver une « bonne » raison au chaos du monde.
En vrai, ce patient je le soigne depuis des années. Pendant des années il m’a demandé poliment comment allait mon mari, et depuis que je suis père comment allait mon enfant.
« Ça n’a pas eu l’air de lui poser de problème d’avoir une médecin de famille homo jusqu’au jour où je luis dis non »
Et là on rejoint ce que je raconte dans mon livre : ça n’a pas eu l’air de lui poser de problème d’avoir une médecin de famille homo jusqu’au jour où je luis dis non, et qu’il révèle son vrai visage ou tout le moins, ce qu’il en pense vraiment.
Et donc basiquement, des insultes à base de « Sale P🎲 » et tous les mots que vous pouvez imaginer qui signifient la même chose.
Plus difficile à pardonner car à la violence subie, il faut ajouter le sentiment d’avoir été trahi.
Ca a quand même donné ce dialogue étrange avec l’officier de police judicaire ayant recueilli ma plainte, car, évidemment, étant mal à l’aise de raconter cela je n’ai pas pu m’empêcher de me réfugier derrière des blagues de merde…
- Il vous a traité de « sale P🎲 ». Est-ce que vous êtes homosexuel ?
- Moi non, mais mon mari oui je pense.
Il ne rit pas à ma blague, mais ajoute, mains sur le clavier où il enregistre ma déposition :
- Du coup j’écris cela ? Mon mari oui mais pas moi ?
- Non non, mettez que je suis homosexuel.
Bref. Je crois que même devant un peloton d’exécution j’arriverais à faire des bruits de prouts avec ma main au moment où le gars criera « En joue, Feu ! » Prenez soin de vous ! Et lisez des romans d’amour. Ca fait du bien, ça l’amour. »
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/medecin-gentil-mais-en-colere
Selon l'Observatoire de la sécurité des médecins, 1 581 déclarations de violences contre les médecins ont été enregistrées en 2023, soit une augmentation de 27% par rapport à l'année précédente. Oui lisons des romans d’amour !
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