What's up Doc : Le Danemark a changé toute sa politique de santé en 2007, comment ?
Anne Smetana : Nous avons orienté notre système de santé vers une proximité de soin. Désormais, nous avons cinq régions qui s’occupent des hôpitaux et des négociations avec les médecins généralistes, et 98 communes de plus de 50 000 habitants, qui elles ont un rôle préventif. Des pôles de santé permettent de s'occuper de la plupart des pathologies. Cela nous a permis de diminuer le nombre d’hôpitaux au lieu de 128, nous en avons 21. Nous ne sommes plus hospitalo-centrés. C’est grâce à cela que nous nous sommes bien sortis de la pandémie. Une nouvelle loi règle la collaboration entre hôpitaux, municipalités et médecins généralistes. L’agence nationale de santé, décentralisée donne le cadre. Tous les acteurs se connaissent.
D’autre part, les accords de santé ne sont pas ce que l’on appelle, chez nous, un tigre de papier, c'est à dire un millefeuille administratif. Tout est numérique, les citoyens et les médecins ont accès aux données.
Quelle est la différence entre un pôle de santé et un hôpital ?
AS. : Il n’y a pas de spécialiste dans un pôle de santé, uniquement des médecins généralistes, des infirmiers et des kinésithérapeutes. Les spécialistes sont à l’hôpital. Nous travaillons beaucoup autour de la prévention et de la rééducation. Au Danemark, après une opération, les patients restent moins de trois jours à l’hôpital. Ils sont transférés ensuite dans un centre de rééducation municipal.
Quels sont les changements au quotidien ?
AS. : À l’hôpital, il n’y a que les patients les plus complexes. Tout ce qui peut être fait au coût le plus bas est fait en soin de premier recours. On ne peut pas aller aux urgences sans passer auparavant par le médecin généraliste de garde. Il est la personne clé pour garder les coûts les plus bas et être le plus efficace possible.
L’OCDE a déclaré que le Danemark était un système de santé particulièrement performant, malgré tout estimez-vous qu’il reste des améliorations à apporter ?
AS. : Il faudrait encore plus de prévention, travailler pour réduire les inégalités sociales et améliorer l’offre de soin de proximité. C’est notre nouvelle initiative. Il faut que l’on ait une offre de soin pour les gens les plus vulnérables.