Des étudiants sur les rails : les « internes TGV »

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Entre sa spé et sa ville, pourquoi choisir ?

Des étudiants sur les rails : les « internes TGV »

Ils font tous les jours l’aller-retour en train entre leur maison et l'hôpital : ce sont les « internes TGV ». Interne en radiologie à Reims, Alida Ainouche fait tous les jours le trajet depuis Paris. Et ça lui va ! Entretien.


What’s up Doc. Pourquoi avoir choisi de faire Paris-Reims tous les jours plutôt que de loger sur place ?

Alida Ainouche. Après les ECN, je cherchais une solution pour rester sur Paris tout en exerçant la spécialité de mon choix. Étonnement, j’ai eu du mal à trouver des informations sur la possibilité de faire son internat ailleurs que dans sa ville de résidence. J’ai dû consulter des forums d’internes pour en savoir plus. Ensuite, j’ai visité plusieurs villes aux alentours de Paris. Et j’ai choisi Reims car les trois sites du CHU sont regroupés et à proximité de la gare. Je savais que je ferais les aller-retours tout mon internat. Aujourd’hui, ma spé me plaît et je ne regrette pas ma décision.

WUD. J’imagine que faire autant d’allers-retours nécessite une excellente organisation…

AA. Paris-Reims, c’est 45 minutes en TGV donc c’est vraiment faisable. Mais il est vrai que cela demande une bonne organisation : se réveiller à 6h35, ne pas rater le métro, bien gérer sa charge de travail pour sortir à l’heure… J’ai même déménagé à proximité de la gare de l’Est. Mais j’ai aussi la possibilité de souffler. J’ai une demi-journée de formation par semaine à Paris et  la possibilité de faire des inter-CHU. Sans oublier que la plupart des formations nationales se déroulent à Paris.

WUD. Et comment ça se passe à l’hôpital ?

AA. Très bien ! Les médecins coordinateurs de Reims sont habitués. Ils m’ont de suite mise à l’aise. Avant mon arrivée, il y avait déjà un interne en cinquième année qui faisait les aller-retours. Et il y en avait encore d’autres avant lui. Nous sommes des internes normaux sans traitement de faveur. Je fais mes gardes comme les autres. Nous pouvons aussi compter sur nos co-internes. Ils peuvent nous remplacer si on a un souci le matin et même nous héberger en cas de besoin. Et puis au fond, si j’étais dans un hôpital en banlieue parisienne, mon trajet serait beaucoup plus long...

WUD.  Il doit bien y avoir des inconvénients, tout de même ?

AA. Bien sûr. Sur les six premiers mois, il m’est arrivé d’avoir des retards et des annulations de train. D’autres fois, c’est moi qui l’ai raté. Et avec un train par heure entre Paris et Reims en moyenne, je conseille d’avoir un livre sur soi ! Mais le gros inconvénient, c’est surtout le budget. Lorsque j’ai commencé, je payais environ 500 euros par mois (déductibles des impôts). Depuis trois mois, j’ai souscrit à l’abonnement TGVmax et c’est déjà mieux !

WUD. Y a-t-il des points communs entre les « internes TGV ? »

AA. Il s’agit souvent de Parisiens attachés à Paris. D’ailleurs la majorité est en couple avec quelqu’un y résidant. Et puis on retrouve globalement les mêmes spécialités : radiologie, anatomo-pathologie, psy… Ce sont des spé où l’on peut gérer plus facilement nos horaires. Pour ceux en chirurgie, par exemple, ce mode de vie est impossible puisqu’il faut être au bloc dès 7h. Aujourd’hui à Reims, nous sommes une vingtaine toutes promo confondues. Nous avons un groupe sur WhatsApp pour prendre les trains ensemble et organisons souvent des dîners sur Paris. Le même phénomène se retrouve à Rouen, Tours et Amiens.

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Propos recueillis par Im`ene Hamchiche

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