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Des patients déprogrammés, des animaux prioritaires
Selon Le Point, le Pr Christian Debry, directeur général de l’IHU de Strasbourg, aurait décidé à plusieurs reprises en mars dernier d’annuler les examens médicaux de dizaines de patients — dont certains atteints de cancers à un stade avancé — pour libérer du personnel et des créneaux techniques en vue d’expérimentations sur des cochons et un cadavre humain. Ces actes, facturés à des entreprises de recherche françaises et allemandes, auraient été réalisés dans le cadre de contrats privés.
« Ce qui est scandaleux, c’est que l’on a donné la priorité à des expériences de recherche privée sans urgence au détriment de la santé des patients », dénonce une source interne citée anonymement par Le Point.
Une crise managériale profonde
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de grave crise au sein de l’établissement. Depuis le licenciement en 2022 de l’ancien directeur général, le Pr Benoît Gallix — après son signalement au Parquet national financier pour de possibles malversations — l’IHU est miné par une instabilité chronique. L’ambiance de travail est décrite comme « délétère » par les soignants. En mars 2025, le service de radiologie ne comptait plus que deux manipulateurs radio sur les onze présents en début d’année.
Dans une lettre adressée le 26 mars à l’ARS Grand Est, onze membres du GIE d’imagerie dénoncent une « grande détresse émotionnelle », provoquée par des décisions brutales de la direction. En un mois, ils font état de trois démissions et six arrêts maladie.
Des preuves écrites compromettantes
Le Point a eu accès à plusieurs courriels internes confirmant que ces décisions étaient connues et validées en haut lieu. Dans un message adressé le 27 mars, Céline Dugast, directrice générale adjointe des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), interroge directement le Pr Debry sur cette priorisation des cochons au détriment des malades. Ce dernier confirme : « de nombreux patients sont déprogrammés en raison des turbulences actuelles » et cela « continuera à l’avenir ».
Dans un autre échange, le Pr Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine et membre du conseil d’administration de l’IHU, reconnaît être informé de la situation, avant d’affirmer quelques jours plus tard au Point qu’il n’en sait rien. L’un de ses mails contradictoires a d’ailleurs été transmis à l’ensemble de l’administration hospitalo-universitaire, révélant la cacophonie au sommet.
Une faute éthique selon l’Inserm
L’affaire soulève une vive indignation dans le monde médical. Philippe Amiel, président du comité Éthique et cancer et du collège de déontologie de l’Inserm, interrogé par Le Point, commente :
« On n’attend pas d’un établissement de santé qu’il priorise les cochons sur les malades. C’est une faute d’humanité par défaut de bienfaisance. »
Une sanction en suspens
Dans un contexte où l’évaluation institutionnelle de l’IHU par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES) était imminente, cette affaire tombe au pire moment. Coralie Chevallier, présidente du HCERES, a déclaré avoir « suspendu le processus d’évaluation le temps d’obtenir davantage d’informations ».
En attendant, selon Le Point, de nouvelles annulations d’examens sont déjà programmées dans les jours à venir.
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