Déprogrammations : quelle organisation ?

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Suite à l’activation du Plan blanc le 29 octobre par Olivier Véran, les déprogrammations ont démarré dans les établissements sanitaires de France. Le point en Ile-de-France et Pays de la Loire. 

Déprogrammations : quelle organisation ?

Dans les régions les plus touchées par la deuxième vague de Covid, avec un nombre d’hospitalisations de patients déjà important, des paliers de déprogrammation élevés ont d’emblée été activés. En Ile-de-France (5 975 patients Covid hospitalisés, dont 987 en réanimation au 3 novembre) le palier 3 des déprogrammations est atteint depuis le 30 octobre à la demande de l’ARS, soit le report de 60% des activités chirurgicales et médicales non urgentes et sans perte de chance pour les patients. « Certains établissements ont déjà dépassé ce palier, avec une déprogrammation pouvant aller jusqu’à 80% », indique-t-on à l’ARS Ile-de-France. Certaines disciplines ne sont pas concernées par ces déprogrammations : cancérologie, greffes, dialyse et pédiatrie.  « Tout est organisé pour maintenir le maximum d’activité dans ces services et donc ne pas enclencher de déprogrammation », précise l’ARS. L’objectif est d’avoir 1775 lits de soins critiques (réanimation et surveillance continue) et 4 797 lits de médecine.

Pas de report des opérations urgentes

En Pays-de-la-Loire (800 patients Covid hospitalisés, dont 116 en réanimation, au 3 novembre), la vague n’est pas si élevée que celle observée en Ile-de-France et les déprogrammations ont démarré, mais lentement. « Pour le moment, 7 blocs opératoires sur un total de 54 au CHU de Nantes ont été fermés afin de mobiliser dans les services Covid les médecins et personnels qui y sont habituellement affectés. Notre objectif est de passer rapidement de 71 lits de réanimation actuels à 111 lits », expliquait le Pr Karim Asehnoune, président de la Commission médicale d’établissement au CHU de Nantes, lors d’un point presse ce mercredi 4 novembre. « Toutes les interventions urgentes sont assurées. Puis il y a une gradation pour les semi-urgences. Toutes les décisions sont prises au cas par cas par un comité de médecins. Nous voulons éviter absolument que des patients non-Covid renoncent à leurs rendez-vous aux CHU et se pénalisent eux-mêmes. Les décès de patients non-Covid mais atteints de cancer, diabète ou insuffisance rénale, c’est un sujet qui nous inquiète beaucoup et dont on reparlera dans quelques mois… », a ajouté le Pr Asehnoune.
 

Retard rattrapé en chirurgie cardiaque

« Dans ma discipline, on sait qu’il est très risqué de reporter encore certaines interventions. C’est quand même l’une des chirurgies où les patients meurent sur liste d’attente s’ils ne sont pas opérés », souligne le Dr Philippe Bizouarn, anesthésiste-réanimateur en chirurgie cardiaque au CHU de Nantes. « Nous savons organiser un système de priorité entre patients depuis longtemps, bien avant l’épidémie de Covid-19 Evidemment, lors de cette deuxième vague, nous continuerons d’opérer les urgences et seules certaines interventions moins urgentes seront reportées ». Car ensuite, encore faut-il réussir à rattraper ce retard dans les plannings, sans perte de chance pour les patients. « Cet été, nous avons énormément travaillé pour rattraper le retard dû aux interventions déprogrammées puis reprogrammées. Là, nous sommes à jour. En revanche, les greffes cœur-poumon sont presque à l’arrêt, comme lors de la première vague, et cela nous inquiète », ajoute le Dr Bizouarn.
Dans un communiqué du 28 octobre, le Bloc rappelait que lors de la première vague, les établissements avaient démontré leur capacité de déprogrammer les interventions en moins de 24 heures et « qu’il n’y a donc pas lieu d’anticiper exagérément les décisions de déprogrammation ». 
 

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