Dépakine : la consommation par les pères aussi augmente les risques de perturbation du développement du bébé

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Le valproate de sodium, molécule à la base du médicament antiépileptique Dépakine, peut perturber le développement d’un enfant s’il est pris par le père dans les mois précédant la conception, conclut jeudi une vaste étude menée en France.

Dépakine : la consommation par les pères aussi augmente les risques de perturbation du développement du bébé

© Midjourney X What's up Doc

Il y a « un risque accru de troubles neuro-développementaux chez l’enfant » après une « exposition paternelle au valproate pendant la période de conception », explique un communiqué du groupement Epi-Phare, réunissant l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie.

Le valproate est la molécule de la Dépakine. Ce traitement antiépileptique produit par Sanofi, et d’autres groupes pour ses versions génériques, est déjà bien connu pour ses dangers quand il est pris par une femme enceinte.

Chez l’enfant exposé pendant la grossesse, le traitement produit souvent des malformations (un cas sur dix) et plus encore des troubles du développement comme l’autisme ou des retards cognitifs (au moins un cas sur trois).

Plus récemment, un risque potentiel a également été identifié en cas de prise de ce traitement par les futurs pères, en raison des effets de la molécule sur le processus de fabrication des spermatozoïdes.

Des doutes confirmés

L’Agence européenne du médicament (EMA) avait averti en 2023 d’un possible risque de troubles du développement chez l’enfant, sur la base d’une étude réalisée dans des pays scandinaves. Elle prévenait néanmoins que la méthodologie était insuffisante pour conclure fermement à un tel effet.

Plusieurs pays ont donc restreint la prescription de Dépakine aux futurs pères. En France, depuis 2025, seuls les neurologues, psychiatres et pédiatres peuvent commencer à prescrire ce médicament à des hommes susceptibles d’avoir un enfant.

Dans ce contexte, l’étude menée par Epi-Phare apporte des éléments plus précis. Réalisée en étudiant les presque trois millions de naissances recensées entre 2010 et 2015, elle conclut qu’un enfant a deux fois plus de risques de développer un trouble du développement intellectuel quand son père a pris du valproate dans les quatre mois précédant sa conception.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/faut-il-eviter-de-prescrire-de-la-depakine-aux-futurs-peres-les-medecins-et-la-communaute

Le lien est moins clair avec d’autres troubles : de l’autisme, de l’attention, du langage… Par ailleurs, la comparaison ne s’entend pas avec une absence de traitement mais avec d’autres antiépileptiques plus couramment prescrits, lamotrigine ou lévétiracétam.

« On a un risque potentiellement moins fréquent » quand le traitement est « pris par le père plutôt que par la mère. Néanmoins ce sont des conséquences potentiellement lourdes pour l’enfant », a indiqué à l’AFP Philippe Vella, directeur médical de l’ANSM.

Toutefois, « dans l’épilepsie, un arrêt brutal du traitement peut être extrêmement délétère », avertit-il. « Si un patient souhaite avoir un enfant et se passer du valproate, c’est un dialogue qui doit se faire avec le médecin. »

Avec AFP

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