Covid+, ils se rendent au bureau : Les médecins du travail témoignent

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Presse auscultée. Employés cas contact qui décident de se rendre au bureau, employeurs qui font pression pour garder sous silence l’infection…. Dans les colonnes de Marianne, les médecins du travail racontent en avoir vu un certain nombre faire l'autruche. 

Covid+, ils se rendent au bureau : Les médecins du travail témoignent

15 % des malades auraient été contaminés par un collègue. C’est l’un des enseignements qui ressort des données recensées par l’Institut Pasteur. Une proportion importante qui s’accompagne d’une autre puisque 46 % des personnes infectées au travail l’auraient été par un collègue symptomatique. « Comment expliquer qu’autant de salariés persistent à se rendre au travail malgré les signes de risque ? ». C’est la question que le journal Marianne est allé poser à une ribambelle de médecins du travail.

Depuis le début de la pandémie, Bernard, médecin du travail des Alpes-Maritimes, en a vu passer des employés cas contact réfractaires à la période d’isolement prévue par l’Assurance Maladie. « Plus d’une dizaine », a-t-il indiqué à nos confrères. Sans en avoir informé leur employeur, ces derniers choisissent de se rendre au bureau malgré les risques. « Avec des raisons multiples : certains ne se voient pas rester chez eux alors qu’ils ne sont pas malades, d’autres ne veulent pas perdre une partie de leur revenu en se mettant en arrêt, ou craignent que cela soit mal vu. Sans compter ceux qui ne prennent pas l’épidémie au sérieux ». Un comportement somme toute questionnable qu’a également observé Céline Lamouroux, présidente de l’Association nationale des internes en médecine du travail (ANIMT) « J'ai vu des salariés qui ont préféré ne pas nous resolliciter pour la seconde vague afin de ne pas être contraints à rester à domicile, pour différents motifs : souhait de continuer le travail, sentiment de protection suffisante, culpabilité "d'abandonner" les collègues (notamment dans le milieu hospitalier), crainte de perdre des primes… », énumère-t-elle auprès de nos confrères.

Si certains décident de faire la sourde oreille aux consignes gouvernementales de leur propre fait, d’autres y sont contraints. « J’ai examiné un employé qui revenait au travail après un arrêt pour entorse, et qui s’est présenté en ayant des symptômes, rapporte le Dr Jean-Michel Sterdyniak, président du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST). Quand il est arrivé au bureau le matin, son chef lui a dit d’aller à sa visite médicale de reprise comme si de rien n'était même s’il était malade, et de ne rien dire aux autres pour ne pas les faire fuir. J'ai alors envoyé un message de protestation, et la DRH de l’entreprise m'a informé plus tard qu’il avait été testé positif ». Une situation malheureuse… qui ne serait pas isolée. « J’ai aussi connu le cas d’un salarié qui a été arrêté après un test positif, et dont l’employeur n’a pas prévenu ses collègues avec qui il avait été en contact. Alors que parmi eux figurait une employée à risque de forme grave », poursuit le professionnel de santé. Pour autant, le Président assure à nos confrères que ces pratiques restent marginales. « Il est difficile de mesurer la fréquence de ces pratiques, mais je dirais que cela reste ponctuel », assure-t-il. Mais au vu des chiffres de la propagation épidémique et son impact sur les hôpitaux, une seule : c’est déjà une de trop. Pour en savoir plus, c’est par ici.

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