Comment les autorités mahoraises se sont préparées à l’introduction du choléra sur l’île

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Mayotte compte moins de 100 cas depuis l’introduction de la maladie en mars en provenance des Comores voisines. Une « maîtrise » relative de l'épidémie que l’on doit à un plan d’anticipation intersectoriel mis en place au cours des mois précédents, que l’ARS a rendu public mardi lors d’une conférence à SantExpo.  

 

Comment les autorités mahoraises se sont préparées à l’introduction du choléra sur l’île

© Midjourney x What's up Doc

« On a beaucoup appris de la crise de l’eau, pendant laquelle on a mis en place un certain nombre de dispositifs qui nous sont utiles à l’heure actuelle », a expliqué Olivier Brahic, le directeur de l’ARS Mayotte, lors d’une conférence sur la gestion du choléra. 

À cette époque, l’ARS craint une série de maladies liées à l’eau. En conséquence, « nous avons construit des rampes d’eau potable, surcloré l’eau, et fait des stocks de vaccin contre le choléra », a-t-il ajouté.  

Il a toutefois rappelé que l’introduction du choléra sur le 101ème département français « n’est pas liée à la crise de l’eau », même si les conditions de promiscuité et d’insalubrité restent des facteurs de diffusion, sur cette île où près de 30% des habitants ne sont pas rattachés au réseau d’eau.

Lorsque l’épidémie de choléra est apparue aux Comores début février, l’ARS a dû anticiper de manière concrète l’importation de la maladie sur l’île, « incertaine » de la capacité des autorités comoriennes à contenir son expansion. 

Un plan de « containment »

Elle a ainsi développé au cours des derniers mois, un plan de « containment », qui consiste à intervenir très rapidement sur les débuts de foyers. « C’est une doctrine d’endiguement du choléra que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres pays en proie avec la maladie », selon Olivier Brahic. 

Au niveau du CHM, « des cellules de crises hebdomadaires ont été créées pour élaborer le circuit des patients et l’organisation du personnel soignant », explique son directeur général Jean-Michel Dufour. L'hôpital a par exemple ouvert une cinquantaine de lits et mis en place une prise en charge patientièle spécifique (avec des sas de désinfection). L'ARS a également mis à disposition des équipes médicales plusieurs véhicules équipés, spécifiquement dédiés à la lutte contre le choléra. 

« C’est une mobilisation collective, y compris des libéraux, car le CHM ne peut pas à lui seul gérer la crise », ajoute Ismael El Habib, vice-président de l’URPS infirmiers, pour qui la participation des libéraux  a permis d’éviter un engorgement des urgences.

Mayotte présente une offre de soins très hospitalo-centrée, avec seulement 33 médecins généralistes. 

« J’ai l’impression de gérer une caserne de pompier »

Sur le terrain, lorsqu’un cas de choléra est détecté, notamment via le centre 15 qui permet aux habitants de se manifester en cas de symptômes, une équipe est dépêchée pour vacciner « en anneau » (cas contacts et contacts de cas contacts). Puis, une autre procède à la désinfection du foyer.

Olivier Brahic a cependant rappelé que la vaccination n’est pas le « Saint Graal » : malgré son efficacité, le vaccin offre une durée d’immunité très courte.  

Les autorités ont également créé des unités de prévention auprès des habitants des quartiers défavorisés, notamment dans les « bangas », les bidonvilles mahorais. « Tous les jours des camions partent, j’ai l’impression de gérer une caserne de pompiers », plaisante Olivier Brahic. 

Selon lui, cette mobilisation collective a permis d’endiguer le phénomène dans des quartiers qui présentent une « forte potentialité épidémique »

Si le risque d'une flambée des cas semble écarté, le directeur général de l'ARS n’exclue pas la possibilité « d’éclosions locales ».

Une responsable de Santé Publique France a par ailleurs réitéré l’appel lancé aux renforts, lancé par l’agence, pour remplacer les réservistes dont la mission se termine. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/85-cas-de-cholera-et-de-nouveaux-foyers-detectes-sante-publique-france-demande-du-renfort

Les derniers chiffres de l’ARS font état de 94 cas de choléra, dont une soixantaine pour le seul cluster de Koungou, limitrophe du chef-lieu Mamoudzou. Au 21 mai, 4 800 personnes ont été vaccinées en dehors des équipes de premières lignes. 

La semaine dernière, le syndicats Convergence infirmière estimait que le nombre de cas réels était « bien plus élevé », car le recensement se fait « sur confirmation biologique » et qu'il est demeure difficile de consulter.

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