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Dans une vidéo d’une trentaine de minutes diffusée le 20 novembre, le youtubeur G Milgram, spécialiste des dérives new-age, relaie le témoignage d’une jeune femme se présentant sous le prénom de « Camille ». Elle décrit des consultations marquantes au sein du centre antidouleur, évoquant des séances « ressemblant à du chamanisme », et des théories sur les traumatismes générationnels.
Selon elle, le Dr Patrick Giniès lui aurait notamment demandé si sa grand-mère était « gentille ou méchante », affirmant que sa fibromyalgie pouvait provenir de « traumatismes générationnels ». Dans des extraits d’interventions publiques du médecin, on le voit également relier douleurs chroniques et carences affectives parentales.
Le Dr Olivier Abossolo est quant à lui accusé d’avoir prescrit huiles essentielles, homéopathie et cures coûteuses de « coquilles d’huîtres en poudre » censées « reprogrammer les gènes ». Dans d’autres séquences filmées, il évoque des thérapies « quantique, énergétique, vibratoire, spirituelle » et affirme que la maladie pourrait être liée à des « blessures d’âmes » ou à des vies antérieures.
Réaction immédiate du CHU : suspension et enquête interne
Dès le lendemain de la publication de la vidéo, le CHU de Montpellier a annoncé l’ouverture d’une enquête interne et la suspension à titre conservatoire du Dr Patrick Giniès.
Interrogé par Midi Libre, le médecin se défend : « Je ne sais pas comment répondre. Notre prise en charge intègre des médecines alternatives, avec de l’hypnose, de la sophrologie, de l’art-thérapie, de la musicothérapie ». Il décrit sa méthode comme « hors du cadre ».
Le second praticien cité, Olivier Abossolo, ne travaille plus dans l’établissement. Le CHU précise qu’il exerçait en qualité de vacataire, une journée par semaine, avant de quitter l’hôpital il y a un an.
Le centre fera également l’objet d’un audit de pratiques réalisé par un expert hospitalo-universitaire d’un autre CHU, « en toute indépendance » et « à brève échéance » comme l’indique Midi Libre.
Position ferme de l’Ordre des médecins
L’Ordre des médecins de l’Hérault a été saisi. Son président, le Dr Philippe Cathala, se dit « choqué » par certaines méthodes. Il déclare au Quotidien du Médecin : « Je dissocie le cas du Dr Ginies de celui du Dr Abossolo, dont les propos ont un parfum sectaire. [...] Concernant le médecin de la douleur du CHU, je l’ai appelé. Il assume un propos à contre-courant de l’état connu de la science. Ce qui conduit l’Ordre à ouvrir une procédure disciplinaire. »
Selon lui, Olivier Abossolo avait déjà été convoqué l’an dernier car il se prévalait de son titre sur un site internet où il développait « des théories fumeuses n’ayant rien à voir avec la médecine par les preuves ».
Une enquête disciplinaire a été ouverte contre les deux praticiens, en parallèle de l’enquête administrative.
Un service de référence fragilisé
Le CETD du CHU de Montpellier avait jusqu’ici une forte réputation dans la prise en charge des douleurs chroniques. Pour l’heure, Patrick Giniès reste suspendu à titre conservatoire, ce qui n’équivaut pas à une sanction disciplinaire. Olivier Abossolo, lui, n’exerce plus en France.
L’enquête interne, l’audit externe et les procédures ordinales détermineront si les pratiques signalées relèvent de fautes professionnelles, de dérives thérapeutiques ou de manquements à la déontologie.