Capitation pour les médecins traitants : « 90 euros pour suivre un patient pendant un an, c’est l’affront de trop »

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La CNAM lance officiellement l’expérimentation du paiement à la capitation dès janvier 2026. Pour l’UFML-S, ce forfait annuel de 90 euros par patient marque une rupture dangereuse avec l’exercice médical tel que le défendent les médecins libéraux. Le syndicat a publié un communiqué rageux. 

Capitation pour les médecins traitants : « 90 euros pour suivre un patient pendant un an, c’est l’affront de trop »

© Midjourney x What's up Doc

« La capitation sonnerait-elle la décapitation de la médecine générale ? » Le ton est donné par l’UFML-S dans un communiqué diffusé ce 27 mai. Le syndicat dénonce avec virulence le lancement par l’Assurance maladie de l’expérimentation d’un paiement forfaitaire annuel de 90 euros par patient — une modalité actée dans la convention médicale 2024, signée sans l’UFML.

Un modèle imposé « sans aucune marge de négociation »

Pour l’UFML, cette réforme n’est ni négociée ni négociable : « Le Directeur Général de la CNAM, M. Thomas Fatome, n’a cessé de répéter que la capitation était une volonté élyséenne, donc un service commandé du Président, sans aucune négociation possible. »

Le cahier des charges impose un seuil de 920 patients par généraliste, une équipe de minimum 4 professionnels, et interdit tout dépassement d’honoraires. Ce forfait concerne uniquement les actes cliniques de médecine générale pour la patientèle médecin traitant, avec pondérations selon l’âge, le sexe, les ALD et les territoires.

Une rémunération « méprisante »

Le montant du forfait de base annoncé pour 2026 : 90 euros par patient et par an, à régulariser a posteriori. Un chiffre qui provoque la colère du syndicat :

« Oui, 90 euros annuels pour prendre en charge un patient, a priori sans comorbidité, mais on mesure le mépris et l’affront fait à la Médecine Générale ».

L’UFML souligne l’absurdité du ratio : un médecin installé depuis un an avec une patientèle moyenne de 418 patients serait rémunéré 37 620 euros annuels pour l’ensemble de ses actes inclus dans le périmètre forfaitaire.

À titre de comparaison, les IPA bénéficient de 200 euros par an, et les psychologues de Mon Soutien Psy de 600 euros pour 12 consultations : « Le suivi d’un patient par un médecin généraliste [...] ne peut donc être valorisé moins de 200 euros/an », martèle le syndicat.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/la-capitation-cest-nul-ah-bon-tes-sur

Un modèle qui pousse à la délégation

Outre la dévalorisation perçue, l’UFML met en garde contre les effets systémiques du dispositif : « Ce modèle favoriserait la quantité des soins au détriment de la qualité, et les délégations de tâches au détriment des consultations de Médecine Générale. » Le paiement à l’acte, rappelle l’UFML, reste le socle de l’indépendance professionnelle : « Les médecins libéraux défendent très majoritairement le paiement à l’acte afin de préserver leur liberté de prescription et le colloque singulier médecin-patient. »

Un avertissement ferme

Le message est clair : « Nous refuserons tout déclassement de l’exercice médical. » Et l’histoire récente sert de rappel : le projet PEPS, basé sur une logique similaire, avait été abandonné par 13 MSP sur 16. « Courage aux médecins tentés par cette expérience scabreuse », conclut l’UFML non sans ironie.

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