Bizutage à la faculté de médecine de Toulouse : trois étudiants hospitalisés après une nuit, en sous-vêtements, en forêt

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Une journée d'intégration organisée pour des étudiants de deuxième année à la faculté de médecine de Toulouse a tourné au drame le 24 septembre 2025. Abandonnés en sous-vêtements dans la forêt de Bouconne par des températures inférieures à 10°C, trois participants ont dû être hospitalisés, dont un en urgence absolue. Le doyen a porté plainte et une enquête pour bizutage et mise en danger de la vie d'autrui est en cours.

Bizutage à la faculté de médecine de Toulouse : trois étudiants hospitalisés après une nuit, en sous-vêtements, en forêt

© Midjourney x What's up Doc

Un parachutage qui vire au cauchemar

Le mercredi 24 septembre 2025, une cinquantaine d'étudiants en deuxième année de médecine de la faculté de Rangueil ont participé à ce qui devait être une journée d'intégration. L'événement, baptisé "parachutage", consistait en réalité en un bizutage déguisé, pratique pourtant interdite depuis la loi du 17 juin 1998.

À la nuit tombée, les organisateurs ont donné rendez-vous aux 55 participants dans la forêt de Bouconne, à l'ouest de Toulouse. Selon les informations rapportées par France Info, « les étudiants ont été lâchés en pleine forêt en sous-vêtements », alors que les températures minimales enregistrées ce jour-là étaient inférieures à 10 degrés. L'objectif : qu'ils retrouvent leur chemin seuls, livrés à eux-mêmes pendant plusieurs heures.

« Le but, c'était qu'ils rentrent seuls, qu'ils se débrouillent pour rentrer. Ils ont quand même été lâchés relativement seuls et surtout le fait qu'ils soient alcoolisés, et dans une forêt en petite tenue, cela les rend complètement vulnérables », témoigne Pierre, étudiant en 2e année à la Faculté de Santé de Toulouse, interrogé par RMC-BFM.

L'alerte donnée par un automobiliste

C'est un automobiliste qui a déclenché la chaîne des secours vers 14 heures le mercredi, en alertant les gendarmes. Selon les informations d'Ici Occitanie, il aurait aperçu « une jeune femme ligotée à un arbre avec du scotch et des individus peu habillés, visiblement alcoolisés ». Une scène suffisamment inquiétante pour justifier une intervention immédiate.

Sur la cinquantaine de jeunes participants, plusieurs personnes se sont perdues dans la forêt. Le lendemain, les pompiers ont dû déployer un dispositif de recherche d'envergure. « Des chiens cynophiles, des drones et des plongeurs ont été déployés autour du lac de Bouconne », confirme le SDIS 31 à France Info. L'hélicoptère de la gendarmerie a même été mobilisé en renfort pour localiser les étudiants disparus.

Trois hospitalisations, dont une urgence absolue

Le bilan médical de cette soirée s'avère particulièrement grave. « Nous avons pris en charge 3 victimes, une en urgence absolue, et deux autres en urgence relative pour malaise et hypothermie », précise l'officier de communication du SDIS 31 dans les propos rapportés par France Info. Les trois étudiants ont été hospitalisés, mais leurs jours ne sont heureusement pas en danger selon les informations du parquet de Toulouse.

Cette issue dramatique illustre les dangers du bizutage, même lorsqu'il est organisé par de futurs professionnels de santé. « C'est dangereux, la preuve, il y a des gens qui ont fini aux urgences. Je pense qu'il y a des moyens de s'amuser autrement, et ça, pour éviter les débordements », déplore Pierre auprès de RMC-BFM, qualifiant cet événement de « bizutage inadmissible ».

Réaction ferme de l'université et ouverture d'une enquête

La direction de la faculté de médecine a réagi avec une fermeté sans équivoque. « Cet événement n'avait pas fait l'objet de validation, ni d'autorisation de l'administration », affirme-t-elle dans un communiqué rapporté par France Info. L'Université de Toulouse et la faculté de médecine précisent avoir « pris des mesures immédiates dans l'accompagnement et la prise en charge des étudiantes et étudiants, notamment hospitalisés ».

Le doyen de la faculté de Rangueil a déposé plainte, et une enquête a été ouverte pour bizutage et mise en danger de la vie d'autrui, confirme le parquet de Toulouse à Ici Occitanie. L'université déclare également avoir engagé des actions sur les plans juridique et disciplinaire à l'encontre des organisateurs. Les enquêteurs cherchent désormais à identifier précisément les responsables de cette journée d'intégration parmi les 55 participants.

Les élus étudiants ont rapidement réagi via leurs réseaux sociaux, notamment Instagram, en incitant les victimes à témoigner quelques heures après les faits.

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Un délit puni par la loi

Rappelons que le bizutage est un délit pénal depuis la loi du 17 juin 1998. Il est passible d'une peine d'emprisonnement de six mois et d'une amende pouvant atteindre 7 500 euros. Malgré cette interdiction formelle, cette pratique persiste dans bon nombre d'établissements d'enseignement supérieur, souvent mal encadrée et accompagnée de consommation d'alcool ou de substances.

Cette affaire n'est malheureusement pas une première à Toulouse. En 2018, le CHU de Toulouse avait déjà été secoué par une affaire de bizutage de grande ampleur. Des étudiants infirmiers avaient été humiliés lors d'une séance organisée dans un amphithéâtre, certains ayant été attachés les mains entre les jambes avant de subir diverses humiliations.

Source:

France Info, Ici Occitanie, RMC-BFM

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