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Le groupe Ramsay Santé a annoncé son intention de fusionner, au 1er juillet, le service de maternité de l'hôpital privé Les Franciscaines, dont il est le propriétaire, avec celui de l'hôpital privé Parly 2 au Chesnay-Rocquencourt, une commune située au nord de Versailles.
Un choix motivé par « la baisse continue du nombre de naissances en France et plus particulièrement dans les Yvelines », justifie Ramsay Santé dans un communiqué.
Selon le groupe de cliniques, 760 bébés sont nés aux Franciscaines en 2024, soit une baisse de l'activité de 60% en une décennie. Parly 2 a lui enregistré 850 naissances l'an dernier.
L'objectif est de « pouvoir avoir une maternité avec un volume critique de 1 500 naissances (par an, NDLR) et de proposer une qualité et une sécurité de prise en charge optimales aux futurs parents », avance auprès de l'AFP Frédéric Baude, directeur du Pôle Ile-de-France Ouest de Ramsay Santé.
Le groupe assure que les 27 salariés de la maternité des Franciscaines pourront, s'ils le souhaitent, être réaffectés à Parly 2. Les consultations de suivi de grossesse seront elles maintenues sur le site versaillais.
A l'hôpital Les Franciscaines, Ramsay Santé prévoit de renforcer la filière des urgences avec l'ouverture d'un service de médecine polyvalente de 20 lits et d'étoffer l'offre chirurgicale.
« Coup de poignard »
Mais la pilule a du mal à passer auprès de la municipalité.
« C'est la ville-centre, c'est toute une histoire et il n'y aura plus, sur l'état civil, de personnes qui naissent à Versailles », ville de 85 000 habitants, regrette le maire (divers droite) François de Mazières, qui s'offusque du manque de concertation.
L'édile a adressé, le 12 mars, un courrier au préfet des Yvelines pour exprimer sa « vive opposition » au projet et lui demander d'intervenir. Contactée par l'AFP, la préfecture n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
La fermeture imminente de la maternité fait l'unanimité politique contre elle, que ce soit du député macroniste de la circonscription Charles Rodwell qui a dénoncé un « coup de poignard dans le dos », ou des communistes versaillais qui fustigent des « choix mercantiles » dont « les futurs parents versaillaises et versaillais et des villes environnantes pâtiront ».
Pour Michel Espinat, animateur du Collectif Hôpital Santé Publique Sud Yvelines, il s'agit également d'une « très mauvaise nouvelle ».
« Cela ne nous étonne pas du groupe Ramsay dont la première préoccupation est la rentabilité financière plutôt que de répondre aux besoins de la population », estime-t-il.
Une pétition en ligne, lancée par une mère versaillaise qui s'alarme d'une surcharge des services de maternité après la fusion avec Parly 2, a réuni près de 1 300 signatures contre le projet.
Un service périnatal plus complet
L'une des pistes suggérées par François de Mazières serait d'effectuer le regroupement à Versailles plutôt qu'au Chesnay étant donné que cette dernière commune dispose déjà d'une importante maternité au sein de l'hôpital public André-Mignot.
Cela garantirait également une meilleure accessibilité pour les familles vivant au sud du chef-lieu des Yvelines.
Mais cette solution n'est pas envisagée par Ramsay. « À Parly 2, on a une filière périnatalité très complète puisqu'on a un service de procréation médicalement assistée sur site », défend Frédéric Baude.
« Il y a aussi une sécurité de prise en charge avec la présence de chirurgiens vasculaires qui peuvent réaliser des embolisations artérielles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 » permettant d'éviter les transferts en cas d'hémorragie, poursuit-il.
Les opposants affirment eux que le maintien de maternités de proximité permet de limiter le risque de mortalité infantile et facilite l'accès des femmes à l'IVG.
La France connaît depuis plusieurs décennies une diminution du nombre de ses maternités : selon les données de la Drees, le service statistique des ministères sociaux, il est passé de 1 369 en 1975 à 446 en 2022 en métropole.
Avec AFP