Autogreffe des deux bras : une première en France

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Prouesse médicale au CHUGA

Autogreffe des deux bras : une première en France

L’équipe de chirurgie de la main du Centre Hospitalier Universitaire Grenoble Alpes (CHUGA) a opéré le 14 août dernier, avec succès, une jeune femme dont les deux membres avaient été sectionnés. Cette réimplantation de deux bras est une première en France.

« En pratique ça va se dérouler comment ? Parce qu’on n'a pas l’habitude de ce genre d’exercice...» Le Dr Denis Corcella, chef du service "Chirurgie de la main" du CHUGA, est quelque peu gêné devant le parterre de journalistes amassés ce vendredi à Grenoble pour écouter les PH responsables de l’exploit. À cette conférence de presse sont présents ses adjoints Mickaël Bouyer et Billy Chedal Bornu, assistants-chef de clinique. 

4 heures d’intervention

Le 14 août dernier, une jeune femme de 30 ans est prise en charge à 15h30 par les équipes du SMUR sur le quai de la gare de Chambéry. Elle a les deux bras sectionnés au niveau du milieu de l’humérus. Heureusement, les deux segments amputés « ont été transportés dans un conditionnement parfait », rapporte le CHUGA dans un communiqué.

À 17h20, la voilà donc dans le bloc, une équipe chirurgicale de chaque côté, travaillant en autonomie. Une opération de macro-réimplantation est effectuée par les deux chirurgiens, chacun assisté d’un interne. Les deux interventions effectuées en parallèle se terminent presque en même temps. À 21H30, soit environ après 4 heures d’intervention, la patiente avait retrouvé ses membres.

Une opération non sans danger

« La réimplantation double de bras, c’est une première en France, non pas parce que techniquement ce n’était pas possible avant, mais parce que l’occasion ne s’était pas présentée », explique Denis Corcella, indiquant qu'il s'agit d'un traumatisme relativement rare. « Ce n’est pas notre pratique au quotidien », ajoute-t-il. Heureusement... 

De plus, l'opération n'est pas sans danger. Selon le Dr Billy Chedal Bornu, « il y a ce qu’on appelle le syndrome de reperfusion qui peut engager le pronostic vital de la patiente, » et qui est multiplié lorsque, comme dans ce cas, il y a deux membres amputés. « Plus le segment amputé est proximal, c’est-à-dire proche de l’épaule, plus la dégradation tissulaire est importante et moins la récupération fonctionnelle est bonne », raconte le chef de clinique Denis Corcella.

Life before limb

L’équipe précise qu’en cas de situation similaire, mais dans les membres inférieurs, elle aurait préféré ne rien faire. L’intervention aurait alors été bien plus dangereuse, et surtout, les prothèses auraient été considérées comme tout aussi efficaces. L’équipe grenobloise rappelle son mantra : « Life before limb, la vie avant le membre. »

Le CHUGA, très fier de ses PH, souligne lui « la rapidité d’intervention des secours et la dextérité de l’équipe médicale ». Le délai court entre le traumatisme et l’intervention au bloc a permis la réussite de l’opération. Quant à la patiente, « elle va plutôt bien, elle se remet progressivement de cette lésion. L’évolution est plutôt favorable au niveau local et la vascularisation des deux membres réimplantés est tout a fait excellente », se félicitent les chirurgiens.

Le CHU de Grenoble Alpes peut s’enorgueillir de la réussite de l’opération, cela alors même qu'il vient de conserver sa 7ème place dans le palmarès du magazine Le Point publié jeudi. Celui-ci classe les 50 meilleurs hôpitaux publics pour la qualité de leurs spécialités médicales ou chirurgicales. Au passage, soulignons que le CHUGA arrive en première place pour les urgences traumatologiques, et se classe 6ème pour les Urgences de la main. Chapeau bas !

Source:

Thomas Moysan

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