Attentats terroristes : les carabins devront se former

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Les facs intègrent de nouveaux cours à la rentrée

Attentats terroristes : les carabins devront se former

Dans un article publié mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet, huit médecins confrontés aux attentats terroristes de Paris et Nice partagent leurs retours d’expérience et analysent ce qu’il faut faire évoluer. La formation des futurs médecins est une priorité.

Issus de différents services, ces praticiens évoquent dans ce point d’étape la formation des chirurgiens, anesthésistes et médecins d’urgence qui a été renforcée par les équipes militaires. Mais c’est à présent en médecine de ville que les efforts doivent se porter. D’après les auteurs de l’article, il revient au Service de santé des armées (SSA) de former, dès que possible, les médecins généralistes à cette prise en charge. Un cours est déjà disponible en ligne à l’adresse www.dev.gedissa.org.

Par ailleurs, les auteurs de l’article insistent sur un autre point : il est nécessaire que la réponse médicale aux actes terroristes soit intégrée à la formation initiale de tous les médecins. Toutes les spécialités sont concernées. L’attestation de formation aux gestes et soins d’urgences (AFGSU), assaisonnée d’éléments de formation à l’assistance aux victimes de terrorisme, devra être obtenue par tout soignant.

Les facultés s’adaptent

Et ce sont les facultés de médecine qui auront la charge d’intégrer cette AFGSU dans les différents cursus des carabins. « Cela devrait être opérationnel dès la rentrée universitaire 2017-2018 et (le dispositif) a déjà été intégré par certaines (facultés) », explique le Pr Bruno Riou, chef des urgences de la Pitié-Salpêtrière (Paris), cité par legeneraliste.fr.

Egalement doyen de la fac' Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris 6), il rappelle qu'un nouvel aménagement parallèle à l’obtention de l’AFGSU vient aussi d'être introduit dans la formation de tous les étudiants en médecine. Il s'agit de « l'enseignement sur les urgences collectives, y compris l’afflux de blessés en grand nombre ». Ce module dispensé sous forme numérique prendra place au début du troisième cycle comme indiqué dans la nouvelle réforme. Ré-organisation hospitalière et formation des futurs praticiens seront ainsi alignées.

« Est-ce la place de l’étudiant d'être formé à la médecine de guerre ? »

Du côté étudiant, on estime que cette uniformisation des pratiques dans le cadre d’une formation unique - l’AFGSU -, « semble une bonne idée. C’est louable de former les étudiants aux premiers secours, avec l’ajout de dispositions relatives en cas d’attaque terroriste », explique Yanis Merad, président de l’ANEMF (1). Mais selon lui, il faut tout de même rester vigilant : « les étudiants travaillant dans les hôpitaux doivent pouvoir s’insérer dans les dispositifs d’urgence, et ne pas être laissés sur le carreau en cas d’activation d’un plan de secours » (exemple : le Plan blanc de l’AP-HP).

Reste une question en suspens, « est-ce vraiment pertinent de faire cette formation à tous les futurs médecins ? », s’interroge le président de l’ANEMF. « Tous ne choisissent pas des spé’ qui les confronteront à ce type d’urgence », rappelle-t-il. Alors, bien que les carabins connaissent au cours de leur cursus des situations difficiles, « est-ce bien le rôle de l’étudiant d'être formé à la médecine de guerre ? » ajoute Yanis Merad, en tempérant : « en cas de circonstances graves, personne ne se posera de question, chacun fera ce qu’il a à faire. »

(1) L'Association nationale des étudiants en médecine de France. 

Source:

Thomas Moysan

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