Après le Dry January, attention au Wet February !

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Après le succès apparent du Dry January cette année, les addictologues espèrent que les Français diminueront leur consommation d’alcool toute l’année.

Après le Dry January, attention au Wet February !

© IStock

C’est le 1er février, l’occasion pour les nombreux Français qui ont participé au Dry January (traduit en « défi de janvier » par les associations qui l’organisent) de lever à nouveau le coude…mais avec modération. Il ne faudrait en effet pas gâcher en une journée de beuverie tous les efforts réalisés ces 31 derniers jours.

Difficile de mesurer la participation à ce défi collectif importé du Royaume-Uni, dans lequel les participants sont invités à ne pas consommer une goutte d’alcool entre le 1er janvier au levée (soit après les festivités de la Saint-Sylvestre) jusqu’au 31 janvier compris, afin de mesurer les effets bénéfiques sur leur corps, leur sommeil, leur humeur (et leur portefeuille) et de prendre conscience de la pression sociale qui s’exerce en faveur de l’alcool dans le pays du vin et du champagne.

Un succès difficile à mesurer

Fédération Addiction, l’un des principaux organisateurs de cette opération de santé publique, estime que cette quatrième édition a été un succès populaire. Elle en veut pour preuve les plus de 16 000 inscriptions sur le site du Dry January (autant qu’en 2022 et deux fois plus qu’en 2021) ainsi qu’un sondage IFOP de décembre dernier dans lequel un tiers des Français de plus de 18 ans (soit 17 millions de personnes rappelle Fédération Addiction) affirmait vouloir participer cette année au défi annuel, contre seulement 10 % en 2021. « Le Dry January – Défi de Janvier confirme son succès auprès des Français : s’interroger sur sa consommation n’est plus un tabou dans notre pays » se réjouit Fédération Addiction, « année après année, nous constatons que de plus en plus de structures se joignent à l’opération, des collectivités territoriales depuis 2021 et des hôpitaux cette année ». 

Autre signe que le succès du Dry January va en grandissant selon ses promoteurs, cette opération de « modération » (un terme préféré à « abstinence », jugé trop moralisateur) inquiète de plus en plus le lobby de l’alcool. Le conseil municipal de Langon, commune situé dans une région viticole, n’a ainsi pas hésité à voter une motion contre le « Dry January », les élus locaux estimant que « ce n’est pas le rôle de la santé publique de prendre position là-dessus » (!), tandis que plusieurs industriels de l’alcool tentaient de lancer une contre-opération, le « Damp January », dans laquelle les Français sont invités à réduire leur consommation d’alcool en janvier… mais à ne surtout pas l’arrêter.

Ne pas reprendre trop vite les mauvaises habitudes

Trois ans après la décision d’Emmanuel Macron de retirer au dernier moment le soutien de l’Etat à l’opération, au motif fallacieux que le vin ne serait pas dangereux pour la santé, l’édition 2023 aura également été marquée par la première participation (timide) des autorités à cette réflexion collective sur la place de l’alcool dans notre société. Santé Publique France (SPF) a ainsi, tout au long du mois de janvier, diffusé un clip pour fustiger l’habitude française, jugée « absurde », de se souhaiter une bonne santé au moment de consommer de l’alcool. Peut-être encore un peu vexé du manque de soutien public au Dry January, Fédération Addiction s’était dit « dubitatif » face à cette campagne un peu trop moralisatrice à son gout.

Les addictologues le rappellent : le Dry January ne doit pas être une fin en soi. En permettant de mieux prendre conscience des effets de l’alcool sur sa santé et sa vie sociale, ce mois d’abstinence doit pousser les Français à réduire leur consommation d’alcool tout au long de l’année. « C’est l’opportunité de repérer les verres qui ne correspondent pas à un choix délibéré mais plutôt à une routine » explique Fédération Addiction. « Une étude de l’université du Sussex montre une diminution de la consommation d’alcool plusieurs mois après janvier, on constate à la fois moins de jours de consommation et moins de quantité par consommation » ajoute Benjamin Tubiana, porte-parole de l’association d’addictologues.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/dry-january-quand-je-parlais-mes-patients-en-addicto-avant-cetait-de-la-theorie-la-je-lai

« Pour le Wet February, il va falloir y aller mollo » confirme un participant enthousiaste au Dry January dans les colonnes du journal Libération.

Nicolas Barbet
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