
Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM © Capture d'écran Assurance Maladie
"Le déficit de la branche maladie sera vraisemblablement plus élevé que les 11,4 milliards d'euros attendus par la commission des comptes de la Sécurité sociale en juin" et "devrait rester à un niveau historiquement très élevé", a déclaré Thomas Fatôme, dans une interview publiée dimanche par Les Echos.
A ses yeux, c'est "un sujet de préoccupation majeure sur lequel le prochain gouvernement et le Parlement devront se pencher rapidement".
Comme pilote de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme a affiché le souci de "s'assurer que les ressources sont bien utilisées et de réagir quand il y a des dépenses plus dynamiques, comme celles liées à l'indemnisation des arrêts de travail", en hausse "de plus d'un milliard" d'euros en 2024.
Sur ce sujet, l'institution compte "agir sur plusieurs fronts" jusqu'en décembre, et déployer à l'avenir de "nouveaux certificats d'arrêts de travail plus sécurisés".
Les prescriptions de 7 000 médecins dans le viseur
La Cnam va "contacter tous les assurés qui ont un arrêt de plus de dix-huit mois pour (...) voir si leur arrêt est justifié, voir s'il y a une reprise d'activité enclenchée et discuter éventuellement de la mise en place d'un mi-temps thérapeutique".
Elle va également s’entretenir avec les "7 000 médecins généralistes qui prescrivent des arrêts de manière importante pour échanger sur leurs pratiques et voir s'il y a un moyen de mieux maîtriser la situation".
Au-delà, Thomas Fatôme considère qu'"il faut réfléchir à un nouveau système d'indemnisation des arrêts de travail plus soutenable financièrement mais aussi plus juste", et invite l’Etat, les partenaires sociaux et les médecins à se remettre autour de la table à ce sujet.
"Est-il normal qu'aujourd'hui un salarié soit moins bien couvert parce qu'il n'a pas six mois d'ancienneté ? Est-il normal que les jours de carence soient la plupart du temps couverts pour les salariés dans les grandes entreprises mais pas dans les petites ?", a-t-il interrogé.
Sur une révision de la prise en charge des soins pour maladies chroniques, préconisée par un récent rapport, "le système de prise en charge à 100% des soins pour les pathologies chroniques, c'est un pilier de l'Assurance maladie, le cœur du réacteur", a assuré son directeur général.
Mais "nous allons renforcer nos actions pour que les médecins fassent bien le distinguo entre les soins qui doivent être pris en charge à 100% au titre de l'affection de longue durée et les autres", a-t-il dit.
Dépistages plus précoces, nouvelles prérogatives pour certains paramédicaux, maîtrise des prescriptions, lutte contre la fraude : la Cnam livrait 30 propositions pour économiser 1,56 milliard d'euros en 2025, dans un rapport consulté par l'AFP mi-juillet.
Avec AFP