Agnès Buzyn esquisse l’après-PLFSS

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La ministre en mode médecin

Agnès Buzyn esquisse l’après-PLFSS

Invitée ce matin à répondre aux questions de l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), la ministre de la Santé a défendu son bilan après six mois passés avenue Duquesne. Mais elle a surtout donné un avant-goût de ce que sera l’année 2018.

Au micro de l’Ajis, une association de journalistes spécialisés dans les questions sanitaires et sociales, la ministre de la Santé a ce matin défendu son bilan en prenant « le temps des explications, qu’on n’a pas toujours dans les interviews très rapides », selon ses propres mots. Mais alors que le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) est discuté aujourd’hui au Sénat, elle voit déjà plus loin et se projette dans les réformes à venir.

Bien sûr, elle se dit fière du PLFSS. « C’est l’Ondam [Objectif national de dépenses de l’assurance maladie, ndlr] le plus élevé de ces dernières années », affirme-t-elle, brandissant les 2,5 % d’augmentation des dépenses de santé fixés dans le marbre de la loi. Et face à ceux qui trouvent que ce chiffre se traduit tout de même par des restrictions budgétaires, notamment à l’hôpital, elle endosse sa blouse de médecin.

La T2A dans le collimateur

« Mon sujet, c’est de redonner à l’hôpital public la place qui lui revient », proclame-t-elle, fustigeant les directeurs qui, quand elle travaillait à l’Hôpital Necker, lui parlaient « de part de marché » et de « rentabilité » quand elle leur parlait de leucémie aiguë. « L’hôpital public, c’est toute ma vie et on l’a fait dériver », tonne la ministre. A côté de la Tarification à l’acte (T2A), elle le répète : elle veut « insuffler d’autres modes de rémunération ».

Et pour cela, pas questions d’attendre les calendes grecques. « Il faut que dès 2018, on ait planifié des tarifications différentes pour deux ou trois actes chirurgicaux ou deux ou trois parcours », indique Agnès Buzyn. Et s’il le faut, la ministre se dit prête à employer une méthodologie « directive ».

La pertinence des soins, sinon rien

Autre sujet qui lui tient à cœur : la pertinence des soins. « Je sais très bien qu’il arrive qu’on garde un malade à l’hôpital toute une semaine juste parce qu’il attend un scanner », accuse la locataire de l’avenue Duquesne. Désorganisation du système, pression des malades, fraude… Les raisons de la sur-consommation des soins sont d’après elle multiple, et elle veut s’y attaquer.

« Je souhaite que les professionnels s’emparent de cette thématique », plaide-t-elle, se défendant de vouloir instaurer un quelconque « contrôle des médecins ». Elle veut donc dès 2018 mettre le monde de la santé « autour de la table » sur cette question. En espérant que personne ne rue dans les brancards…

Au fait, et le tiers-payant dans tout ça ? Pressée de clarifier sa position sur la question, Agnès Buzyn n’a pas botté en touche, prenant l’exemple des pharmaciens. « Ils ont montré que quand le système fonctionne, tout le monde y va, sans obligation », explique la ministre. Son objectif reste donc bien le tiers-payant pour tout le monde. Mais elle veut les médecins s’y engagent volontairement. Pas sûr que les libéraux l’entendent de cette oreille.

Source:

Adrien Renaud

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