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ADEL pour Algorithm Data Ethics Label, est le premier label sur l’éthique des algorithmes de traitement et des données numériques. Il a été développé en premier lieu dans le secteur de la santé. Jérôme Béranger (PhD), cofondateur du label, et chercheur associé - Inserm 1027 de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, nous en dit plus.
What’s up Doc. Quel est l’objectif du label ADEL ?
Jérôme Béranger. Son objectif principal est d'apporter du sens, de la légitimité, de la sécurité et de la confiance dans le traitement automatisé des données numériques en santé auprès des clients, des patients d’une structure, via un cadre de bonnes pratiques et de préconisations éthiques chiffrées. L’intérêt de ce label est de proposer un outil interne d'amélioration continue à la disposition de la structure évaluée. De plus, Adel apporte une garantie de la qualité des traitements de données (Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)), et l’accompagnement des entreprises pour se préparer à l’application du règlement européen sur la protection des données numérique, le 25 mai 2018.
A terme, nous avons l'ambition de décliner ce label éthique dans d'autres secteurs d'activités qui traitent également de la donnée numérique tels que l'assurance, la finance, la grande distribution, les Télécoms, etc.
WUD. Comment se pose la question éthique à travers cette description ?
JB. La réflexion éthique, c’est interroger les valeurs humaines et morales qui sous-tendent nos actions. En clair, l’éthique représente la boussole qui permet d’orienter nos pratiques afin d’y apporter du bon sens. Ici, ces actions se situe tout le long du cycle de développement de la donnée numérique comme le recueil, l’hébergement, le traitement, l’usage. Cela va donc concerner la protection, la sécurité et le contrôle des données, la vie privée et la confidentialité, l’intégrité et la structuration de la data mais aussi la réputation de l’usager et les liens de dépendance. Le label permet d’évaluer tous ces aspects et de produire une cartographie et un diagnostic détaillés de la situation du traitement automatisé des Big Data au sein de l’entreprise.
WUD. À qui s’adresse le label ?
JB. Le label ADEL est destiné aux acteurs du numérique tels que : les spécialistes du traitement des données, les industriels et structures de santé, les mutuelles et sociétés d’assurance, les chercheurs et structures académiques, les collecteurs et transporteurs de données, etc. Comme vous le voyez, la cible est vaste !
WUD. Comment fonctionne-t-il ?
JB. L’idée du projet ADEL est de développer un outil d’évaluation éthique totalement automatisé. Il s’agit presque d’ « ubériser » l’audit éthique du traitement des données numériques. A mon sens, l’intégration d’un cadre humain dans l’écosystème digital passe nécessairement par une numérisation de l’éthique. En effet, si nous voulons accompagner et apporter un cadre moral à l’exploitation des données numériques, il est essentiel de se battre avec les mêmes armes et parler le même langage numérique ! C’est ce que je nomme l’éthique algorithmique : un algorithme qui évaluera l’éthique du cycle de vie des données numériques. Pour l’instant, notre process est semi-automatisé. La vérification des livrables demandés aux structures pour la labellisation est effectuée par un spécialiste du secteur.
WUD. Dans la pratique, comment se déroule le process ?
JB. La première étape est gratuite. Sur inscription en ligne, un pré-questionnaire d’entrée est envoyé afin de s’assurer que la structure demandeuse rentre dans le cadre de la labellisation et afin de mieux comprendre le système d’information ou/et le traitement de données à évaluer.
Étape suivante et payante : des questionnaires d’évaluation éthique sont à compléter par la structure avec une vérification par un spécialiste de l’équipe puis le complément de pièces justificatives qui permet d’arriver au rapport final, suivi ou non de l’obtention officielle du label pour une durée de validité de 2 ans.
WUD. Quelles sont les structures déjà labellisées dans le domaine la santé ?
JB. En 2016, deux établissements de santé ont obtenu officiellement le label ADEL. Il s’agit de la structure Atlantique Imagerie Médicale (AIM) à Sautron (44) et de la clinique Pasteur à Toulouse (31). D’autres structures sont en cours de labellisation comme par exemple : le Régime Social des Indépendants (RSI) et le laboratoire pharmaceutique Merck.
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Propos recueillis par Alice Deschenau