Vive les Docteurs juniors !

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En route pour de nouvelles aventures

Vive les Docteurs juniors !

Le 3 juillet est paru au Journal Officiel un décret créant le statut de Docteur junior en autonomie supervisée, pour les internes en phase de consolidation et thésés. Un statut qui semble semer un peu la confusion.

Accompagnant la réforme du troisième cycle des études de médecine et annoncé déjà depuis plus d’un an, le statut de Docteur junior a finalement été créé ce mardi par un décret publié au Journal Officiel. Le statut permettra aux étudiants en troisième phase de l’internat (consolidation) – hors médecins généralistes donc – de s’inscrire à un tableau spécial de l’Ordre.

Il sera alors habilité, une fois sa thèse validée à l’issue de la phase 2 (approfondissement), à réaliser seul un certain nombre d’actes de prévention, de diagnostic et de soins. L’étendue de ces activités sera à définir lors d’un entretien avec le responsable de stage et le coordinateur de la spécialité.

Isni VS ex-Isni

Si l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) se réjouit dans un tweet de la création de ce statut qu’elle a contribué à mettre en place, d’autres sont bien plus perplexes. C’est notamment le cas de son ancien président, Olivier Le Pennetier, qui avait déjà émis des doutes au moment des débats. « La concertation a été trop rapide », avait-il alors déclaré au Quotidien du médecin le 16 mai 2017.

Cette fois, il a rapidement réagi dans un texte publié sur son compte Facebook. Il y dénonce le « bel oxymore de l’autonomie supervisée », où un médecin inscrit au tableau de l’Ordre dépend de la responsabilité d’un maître de stage. Il redoute que les actes autorisés par le contrat ne soient définis selon les besoins, et que la nécessité de formation durant cette phase de consolidation ne dérive vers une exploitation de l’étudiant pour « combler les trous et faire de l’activité ».

Même craintes concernant les gardes. « Cela va aggraver les inégalités CHU/CH, les inégalités d'accès aux soins et surtout de qualité des soins », ajoute-t-il. Car dans les plus petits hôpitaux, ces Docteurs juniors seront sans doute contraints à effectuer des gardes seuls.

Des assistants au statut d’interne ?

Concernant leur rémunération, les détails ne vont pour l’instant pas plus loin que : « variables en fonction de l’avancement et dans le cursus ». Il seront détaillés plus tard par un arrêté. « Ça ressemble à un poste d’assistant avec ses responsabilités, mais avec un salaire proche de celui d'un interne », souligne une interne en première année contactée par What's up Doc. Elle se souvient que le statut de Docteur junior avait été vendu à sa promotion d’internes comme une opportunité supplémentaire d’accéder à des postes de clinicat.

La CSMF s’inquiète elle aussi dans un communiqué : « En l’absence d’investissement, le docteur junior pour tous va entraîner le clinicat pour personne ». « Un moyen pour fermer le secteur 2 ? », s’interroge le syndicat.

Même son de cloche du côté de l’Inter syndicat national des chefs de clinique et assistants (ISNCCA). « Les directions hospitalières ne vont pas continuer à payer des assistants là où les Docteurs Juniors pourront faire le même travail à moindre coût », estime-t-il. « Il y aura […] une concurrence exacerbée pour ces postes, qui sont la seule possibilité de vous donner accès au secteur 2 ». Un secteur 2 qui est « pour certaines spécialités et dans certaines villes […] la seule modalité d’exercice viable », d’après le syndicat.

Un petit billet pour faire passer

Ce nouveau statut inquiète. Mais au moins, cette nouvelle mitigée s’accompagne d’une autre, plutôt bonne. Un arrêté datant du même jour instaure une « indemnité forfaitaire d’hébergement » pour les internes. D’un montant de 200 euros par mois, elle est destinée aux internes qui effectuent un stage ambulatoire dans une zone définie comme sous-dense. Dès les stages qui débutent en novembre 2018, elle sera versée à ceux qui doivent se déplacer à plus de 30 km de leur hôpital de rattachement et de leur domicile.

L’Intersyndicale des internes en MG (Isnar-IMG) a salué cette décision « qu'elle défend depuis de nombreuses années », mais en demande plus pour regagner du terrain sur les déserts médicaux. Elle propose, par exemple, la création de véritables internats ruraux, des « lieux de vie et de partage d’expériences pour les étudiants en stage sur un même territoire ».

Source:

Jonathan Herchkovitch

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