Vers une nouvelle forme de partenariat médecin-industrie

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On assiste depuis quelques années à un phénomène de diversification des activités de l'industrie, qui s'écarte de son coeur de métier pour fournir des services aux hôpitaux ou aux patients. Une évolution qui pourrait modifier en profondeur les relations entre labos et médecins.

Vers une nouvelle forme de partenariat médecin-industrie

Avant, tout était simple : le métier de l'industrie était de produire des médicaments et dispositifs médicaux. Mais ça, c’était avant… Aujourd’hui, les entreprises du secteur ont redéfini leur rôle : elles fournissent des services, vendent des conseils. D'ailleurs, pour certaines, on ne devrait plus parler d’industrie pharmaceutique, mais d’industrie de santé, ce qui n’est pas sans conséquences sur la relation avec les médecins. Une collaboration assumée médecins-industrie serait-elle enfin en train de naître ?

Prenons l’exemple de Medtronic. Le leader mondial du dispositif médical a lancé il y a trois ans une division baptisée « Hospital Solutions », avec l’ambition d’aider les hôpitaux à améliorer leur efficience. « La question est : comment peut-on aider les hôpitaux à investir, piloter, optimiser et développer différemment ? », explique Laurence Comte-Arassus, la présidente de Medtronic France.

QUAND L’HÔPITAL DÉLÈGUE LA GESTION DE SES BLOCS À UN LABO
Concrètement, en France, cette activité démarre plutôt doucement. Pour l’instant, d’après Medtronic, seulement 3 contrats ont été signés avec des établissements et une petite dizaine sont en négociation. Ces accords portent sur des activités de conseil pour optimiser l’activité de chirurgie ou le parcours du patient, par exemple. « En France, les mentalités ne sont pas encore tout à fait prêtes. On reste au stade de l’accompagnement », explique Laurence Comte-Arassus. Mais ailleurs en Europe les choses bougent plus vite. À Londres par exemple, Medtronic a signé un partenariat avec l’Imperial College : 1 million de patients par an, 5 établissements… et 5 salles de cathétérisme pilotées par l’industriel, où son personnel reçoit les produits de tous les fournisseurs, gère les stocks…

QUAND UN LABO CRÉE DES APPLIS POUR SMARTPHONE
Et l’industrie ne se contente pas de s’impliquer dans la gestion hospitalière. Le géant français Sanofi, par exemple, développe des applis pour améliorer l’observance des patients qui utilisent ses produits.
Dans le domaine du diabète, il a mis au point un compteur qui permet, entre autres fonctionnalités, de quantifier les glucides contenus dans un repas.
« Il s’agit d’un outil cocréé avec le CHU de Toulouse »  précise Emmanuel Capitaine, responsable innovation France chez Sanofi. Et quand on lui demande si son labo ne s’éloigne pas trop de son champ de compétences en entrant dans le domaine de la santé connectée, il proteste énergiquement : « La chimie et les biotechnologies sont notre cœur de métier historique, mais nous accompagnons un parcours de soins. Avec le digital, nous pouvons même envisager d’accompagner un parcours  de vie pour améliorer la santé et la qualité de vie de tous ».

Et pour l’industrie, les médecins ont un rôle central à jouer dans ces nouvelles ambitions. « Ils sont au contact des patients ; ils connaissent les points de blocage », explique Emmanuel Capitaine. « Ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure, à monter des projets innovants, des start-up… Pour nous, c’est très enthousiasmant : on se met en mode partenariat, ça change complètement la relation ».
Une collaboration encore timorée, mais gageons que les nouvelles générations sauront l'assumer et réécrire la nature des liens médecins-industrie !

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