Vers une installation obligatoire en désert médical pour les derniers du numerus clausus ? 

Article Article

Des sénateurs Les républicains et communistes proposent d'imposer aux étudiants du dernier tiers du numerus clausus de faire trois ans d'exercice imposé dans les déserts médicaux. 

Vers une installation obligatoire en désert médical pour les derniers du numerus clausus ? 

Le syndicat Isnar-IMG est inquiet. Alors que le projet de loi de santé est présenté ce matin en séance publique pour discussion et amendements au Sénat, l’Isnar IMG alerte la communauté médicale sur deux amendements qui ont été déposés. Dans un post Facebook, le syndicat d’internes prévient : « Les premiers amendements déposés par les sénateurs en vue de la lecture en séance publique au Sénat du projet de loi Santé ont été dévoilés. Nombre d’amendements proposent des mesures coercitives à l’installation, deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention par leur dangerosité. » Et pour cause : les amendements en question (n°26rect et n°346) proposent d’imposer au dernier tiers du numerus clausus (classement d’entrée dans les études de médecine) deux ou trois ans d’exercice en zone sous-dense à la fin de leurs études. Le premier de ces amendements a été déposé par Vincent Ségouin, député Les Républicains de Normandie. Il stipule en effet que, « à l’obtention de sa qualification ou à l’issue de son post-internat, tout nouveau médecin, ressorti du dernier tiers du numerus clausus communiqué par l’université, est désormais tenu d’exercer, à titre d’installation ou de remplacement, pendant une période de trois ans au moins, dans la région où il a suivi son troisième cycle, au sein d’une zone qualifiée de sous-dense en offre de soins par l’Agence régionale de santé ». 

Méritocratie

Pour justifier cette décision mûrement réfléchi, Vincent Ségouin rappelle que les gouvernements qui se sont jusqu’à présent succéder ont refusé d’aller au-delà des mesures incitatives à l’égard des médecins. « Pourtant, la mise en place de mesures plus volontaristes pour réduire les inégalités de densité médicale, qu’il s’agisse de dispositifs de régulation ou de contrainte à l’installation, est de plus en plus nécessaire », argue le sénateur. Car les mesures mises en place, au jour d’aujourd’hui, semblent tout à fait insuffisantes. Du coup, « la gravité de la situation et des perspectives d’évolution exige la prise en compte du seul intérêt général ». Mais pourquoi diable faire peser la responsabilité de résorber ces déserts médicaux sur les seuls épaules des derniers du numerus clausus ? « Le principe de méritocratie revient tout au long des études de médecine et peut se poursuivre pour la première installation du jeune médecin » : il fallait y penser. 

Le deuxième amendement a été déposé par des membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste (Cohen, Apourceau-poly, Gréaume). La mesure est identique à celle du député républicain. Conscient que, pour résoudre le problème des déserts médicaux, il faudra en passer par une « politique globale de revitalisation des territoires », les communistes proposent quand même de prendre des mesures d’urgence : «  l’urgence sanitaire nécessite de dépasser les mesures incitatives et d’étendre aux médecins libéraux un dispositif de régulation à l’installation qui existe déjà pour plusieurs autres professionnels de santé (pharmacies, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, sages-femmes, chirurgiens-dentistes. » Et de conclure : « tel est le sens de notre amendement ». Et telle est la colère des internes de l’Isnar -IMG. 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers