
Attirée par de nombreuses spécialités médicales lors de ses études, elle choisit la médecine générale pour avoir « accès à cette vulnérabilité qui n'est pas que physique et somatique, mais aussi sociale et psychologique ». Son envie d’avoir une « vie d’équipe médicale et paramédicale, avec des staffs et des échanges avec ses collègues » la pousse ensuite à exercer sa spécialité au sein de l’hôpital, en médecine polyvalente.
La clinique au coeur de la pratique
En passant d’une chambre de patient à une autre, Véronique Miniac voit « beaucoup de pathologies différentes, d’une plaie à un cancer en passant par un diabète déséquilibré ou une décompensation cardiaque », explique-t-elle. « Je dis souvent que j’adore mon métier car j’aime bien les gens. À chaque nouveau patient, c’est une nouvelle rencontre », explique celle qui est toujours passionnée par son métier. En réunion de staff, la médecin connait sur le bout des doigts les tableaux cliniques, mais aussi les histoires de vies intimes de chacun de ses patients.
« Plusieurs raisons » la poussent à faire « particulièrement attention » à « bien retenir les histoires des gens ». Faire le lien entre les différents symptômes et pathologies l’intéresse intellectuellement. Elle est aussi animée par le « respect » qu’elles portent à ses patients et à leur famille. Dans les couloirs, la femme d’un patient qui quitte le service pour aller en soin palliatif, l’interpelle et lui offre une boîte de chocolat, « pour vous remercier de votre gentillesse », lui glisse-t-elle. « Je vais partager avec mon équipe. Heureusement que je ne mange pas toute seule tous les chocolats qu’on m’offre », plaisante Véronique Miniac. A chaque visite, la médecin prend le temps d’échanger sincèrement avec ses patients lors et n’hésite pas à poser une main consolatrice sur l’épaule de certains d’entre eux.
« C'est un métier où on touche le corps de l'autre mais on ne peut pas toucher sans être touché soi-même. Cela autorise parfois à toucher la main ou autre chose, pour créer aussi une proximité qui n'est pas seulement professionnelle mais aussi humaine. »
Véronique Miniac, praticien hospitalier en médecine polyvalente
Le discours de Véronique Miniac tranche avec ce qu’elle a pu apprendre lors de ses années d’études et de stages qu’elle a « détestées ». Elle se souvient du malaise physique qui l’envahit, en deuxième année de médecine, quand un Professeur réalise le toucher rectal d’un patient devant douze étudiants. « Mais je me rappelle aussi très bien me dire ‘’vivement le jour où je serai médecin pour faire la médecine que je veux faire’’ ». Cette médecine est profondément centrée sur l’humain et l’examen clinique, primordial selon la médecin. « Par exemple, j'ai toujours bien aimé l'examen abdominal. Je trouve qu'on sent des choses dans les mains : si le tissu est tendu, détendu, s'il y a une masse ou pas. Cela nous dit quelque chose de ce qui est en train de se passer dans le corps de l'autre. Il ne faut vraiment pas perdre la clinique », explique-t-elle. Cette conviction a été renforcée lorsqu’elle a pratiqué en Ouganda, en Afrique, où le recours aux examens complémentaires est plus limité.
15 ans de soins palliatifs
« Un bon médecin c’est un bon médecin mais aussi un accompagnant », affirme Véronique Miniac, qui s’est occupée d’une équipe de soins palliatifs pendant 15 ans. « C'est un temps de l'existence où les gens sont authentiques. Ils ne peuvent plus faire semblant, se cacher derrière leur boulot ou ce qu'ils ont fait, ils peuvent juste être », raconte-t-elle. Il y a quelques années, elle décide cependant d’inverser la proportion de travail en faisant plus de médecine polyvalente que de soins palliatifs pour conserver un bon équilibre entre sa vie professionnelle, personnelle mais aussi associative. « Je faisais quand même beaucoup, j'étais fatiguée et je ne m'en rendais pas complètement compte », raconte-t-elle.
Après 25 ans de carrière, Véronique Miniac est toujours animée par cette phrase d’une psychologue américaine : « Toute personne que tu rencontres porte en elle une vulnérabilité dont tu ignores tout ». C’est pourquoi, selon elle, l’exercice médical appelle « à beaucoup de respect, d'indulgence et de douceur » parce qu’un médecin ne sait rien, finalement, de la « blessure » que porte ses patients.