Vaccination anti-grippale des professionnels : pas bien

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Les médecins, mauvais élèves ?

Vaccination anti-grippale des professionnels : pas bien

Une étude réalisée en Bourgogne-Franche-Comté a révélé que seul un professionnel de santé sur cinq s’est vacciné contre la grippe pour la saison 2017-2018 dans les établissements de santé, les Ehpad et les centres médico-sociaux.

Bon, on ne va pas se le cacher : ça fait un peu tache… Engagés dans la politique vaccinale pour convaincre leurs patients, les professionnels de santé semblent adeptes du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Pour la vaccination anti-grippale, en tout cas.

L’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a commandé une étude pour la saison 2017-2018 dans les établissements de sa région. Les résultats sont mitigés. Si dans les Ehpad et les maisons d’accueil spécialisées, les résidents sont vaccinés à plus de 85 %, moins de trois professionnels sur dix ont fait leur injection. En moyenne, dans tous les établissements, ce score descend même à 21 %, note l’ARS dans un communiqué paru ce lundi.

Quelques lauréats

Six établissements reçoivent toutefois les « honneurs » de l’ARS, pour leurs taux exceptionnellement hauts de vaccination, supérieurs à 75 % : le foyer-logement de Belfort et l’Ehpad de Vignoles à Beaune pour leur couverture à 100 %, les Ehpad Le Cercle des aînés à Nevers (95,9 %), Les Forges royales à Guérigny dans la Nièvre  (81,2 %), les Jardins d’Alice, à Velars-sur-Ouche en Côte-d’Or (78,7 %) et Le Clos des Vignes à Beaune (75 %).

Bon point général pour les 250 établissements qui ont répondu à l’enquête : en plus d’un bon taux chez leurs pensionnaires, près de 95 % d’entre eux ont également mené une campagne de promotion de la vaccination contre la grippe auprès des professionnels.

Les médecins au coin

Le carton rouge de l’ARS est destiné aux professionnels de santé, qui manquent un peu d’excuse. Sauf peut-être sur l’efficacité de l’édition précédente du vaccin, qui en a sans doute refroidis quelques-uns. Une étude américaine parue dans PNAS en novembre avait en effet souligné qu’elle n’avait fonctionné que chez 20 à 30 % des personnes immunisées dans l’hémisphère nord.

Mais les premiers chiffres fournis pour 2017-2018 semblent montrer de biens meilleurs résultats. Le Réseau Sentinelles annonce 78 % d’efficacité pour A (H1N1) et 61 % pour les virus B, chez les plus de 65 ans. L’étude Fluvac (en milieu hospitalier) indique quant à elle 44 %.

Retour de l’obligation ?

La faiblesse du taux de vaccination n’est une bonne nouvelle pour personne. Ni pour les ARS ou le ministère de la Santé, engagés dans sa promotion, ni pour les médecins. Dans son rapport 2018, la Cour des comptes a en effet suggéré de revenir sur la suspension de l’obligation vaccinale contre la grippe pour les professionnels de la santé.

Elle avait été rendue obligatoire en 2005, puis cette contrainte avait été levée par un décret un an plus tard. Ces mauvais chiffres pourraient donc donner à réfléchir à son rétablissement. Reste l’espoir Agnès Buzyn, qui a durci le ton pour la vaccination du grand public, mais qui reste indulgente avec les professionnels. À la suite de la publication du rapport de la Cour des comptes, elle avait déclaré au Quotidien du Médecin « privilégier la conviction et faire appel à la déontologie de ces professionnels en vue d’une conduite exemplaire plutôt qu’à la contrainte ».

Source:

Jonathan Herchkovitch

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