Tiers payant généralisé, délire de campagne…

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Pomme d’amour pour les patients, de discorde pour les toubibs, le tiers payant généralisé est devenu plus qu’une mesure : un symbole. De quoi laisser songeur…

Tiers payant généralisé, délire de campagne…

Vous venez de recevoir un carton d’invitation à votre cabinet. « Cher docteur, vous êtes cordialement invité à la cocktail-party du tiers payant généralisé », en lettres dorées du plus bel effet. Ça tombe bien, vous avez presque fini votre compta! À peine le temps d’enfiler une tenue de soirée…

Quand vous arrivez, la fête bat déjà son plein autour de la piscine à vagues. La ministre est là, un peu éméchée, entourée d’admirateurs. Mais qui est-ce, accoudé au comptoir? Benoît Hamon qui sirote du chouchen. « Je suis fier du tiers payant généralisé », vous dit-il un peu trop fort, lorgnant Marisol Touraine du coin de l’œil…

Y’a de la rumba dans l’air

Non loin de là, Jean-Luc Mélenchon fait griller des saucisses. Son porte-parole santé, le sociologue Frédéric Pierru, vous accoste. « Le TPG, c’était un gouvernement de gauche en perdition, qui avait besoin d’un marqueur social ». « Et alors, qu’allez-vous faire ? », demandez-vous. « Ah nous on s’en fout, la médecine libérale va mourir! » Clin d’œil.

Mais quelqu’un d’autre a entendu votre question et vous interpelle : « Moi je suis contre le tiers payant généralisé! ». Les bras en croix, les dents qui brillent, c’est Emmanuel Macron juché au bord de la piscine. Son regard se tourne vers le ciel. « Je suis pour un tiers payant GÉNÉRALISAAABLE », hurle-t-il avant de plonger tout habillé, sous les ovations d’une foule en délire.

Le smoking de travers

Un peu effrayé, vous manquez bousculer une invitée en robe bleu marine. « Moi je suis plutôt opposée au tiers payant généralisé », sourit-elle de toutes ses dents. « C’est une gestion administrative considérable et un coût…», poursuit-elle, lascive. Ses gardes du corps vous toisent d’un air mauvais tandis qu’elle se penche vers vous. « Si le bilan est négatif, je reviendrai dessus » vous susurre-telle en s’éloignant.

La soirée touche à sa fin. Fourbu, vous vous asseyez au bord de la piscine. Dans un coin, un homme boit du vin d’épines en grimaçant. Il a l’air abattu. « Moi je le supprimerai, le tiers payant généralisé. » Cravate défaite, sourcils broussailleux, il semble se parler à lui-même. « Je le supprimerai, vous m’entendez? » Vous hésitez à répondre. « J’irai jusqu’au bout, JUSQU’AU BOUT! », bredouille-t-il en regardant son reflet danser sur l’eau.

Vous ouvrez les yeux… pour en revenir à la compta qui vous reste !

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Lendemains de cuite

Et sinon, on en est où ? En place depuis le 1er janvier 2017, le tiers payant généralisé ne portera finalement que sur la part Sécu. Et pour cause : en janvier 2016, le Conseil constitutionnel a censuré la dispense d’avance de frais sur la part complémentaire. « Pas assez encadré », ont tranché les Sages, pointant les faibles garanties de remboursement des médecins. Malgré cette reculade, la plupart des syndicats libéraux continuent à appeler au boycott du TPG, qui sera de droit pour les patients à compter de novembre prochain. Réjouissances en perspectives.

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