Télésurveillez, c’est pesé

Article Article

Accompagnement des insuffisants cardiaques

Télésurveillez, c’est pesé

Une balance, une tablette… C’est dans les tuyaux pour la télésurveillance à domicile des patients insuffisants cardiaques, expérience dans laquelle se lance Florian Zores, cardiologue à Strasbourg, dans le cadre du programme Etapes (Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé), prolongé dans le PLFSS 2018… 

« On est dans les starting-blocks, on attend un dernier décret d’application. On en a parlé à nos patients et l’on pourrait commencer dès aujourd’hui mais il reste un petit obstacle administratif ». Florian Zores est cardiologue à Strasbourg. Associé dans une structure interdisciplinaire de soins ambulatoires (SISA) rassemblant des spécialistes (cardiologues, rhumatologues, endocrino-diabétologues, et neurologues), des paramédicaux (infirmiers et psychologues) et un pharmacien, il se lance dans la télésurveillance médicale pour accompagner à domicile les patients insuffisants cardiaques.

La solution « Chronic Care Connect TM », conçue par Air Liquide, consiste à équiper chaque patient d’une balance connectée reliée à une tablette numérique, sur laquelle le patient se pèse quotidiennement et renseigne un questionnaire. Un algorithme filtre les données et les envoie à la plate-forme d’infirmières d’Air Liquide, qui échangent régulièrement avec le patient et son médecin : « C’est la valeur ajoutée du programme, commente Florian Zores, on ne reçoit que des alertes médicalement pertinentes sur lesquelles on peut agir. Ce tri des réponses est essentiel car sinon nous sommes noyés sous les informations. »

Gain de temps médical

Le programme intéresse le jeune cardiologue et son groupe médical spécialisé Le Premium, à plusieurs titres : « Nous avons développé un programme d’éducation thérapeutique à destination des patients insuffisants cardiaques et cela a été jusque dernièrement la seule façon de le financer ». La rémunération sera en effet répartie entre trois acteurs, sous forme d’enveloppe globale : l’industriel qui déploie sa solution, le médecin assurant la télésurveillance et la mise en place, la gestion des données, et une 3e à ceux qui font l’accompagnement thérapeutique.

« On y voit aussi une façon de nous organiser différemment avec un certain nombre de patients instables que l’on voit relativement souvent parce qu’on n’a pas d’autres moyens de les surveiller. Je pense aux patients en phase initiale de décompensation cardiaque mais pour lesquels on adapte le traitement de manière assez rapide et que l’on fait revenir régulièrement, pour prendre une tension, peser, suivre… » Meilleure utilisation du temps médical, gain de temps pour le patient, plus grande sécurité aussi pour ce dernier, un peu livré à lui-même parfois entre deux consultations, lorsqu’il est en phase de changement de traitement, en  sortie d’hospitalisation ou en décompensation a minima, malgré les relais que constituent le médecin généraliste et l’infirmière libérale.

Un complément qui permettra d’éviter des réhospitalisations parce que le patient aura été éduqué, réagira plus vite et que les signes seront repérés plus tôt. « Un nouvel outil pratique qui n’enlèvera pas le reste. Il ne faut pas non plus penser que cela va remplacer les médecins », conclut Florian Zores. Manquerait plus que ça. 

Source:

Isabelle Guardiola

Les gros dossiers

+ De gros dossiers