Syrie : 73 ONG tirent la sonnette d’alarme

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73 ONG internationales (SIRF - Syria INGO Regional Forum) déclarent être profondément préoccupées par la détérioration rapide de la situation humanitaire depuis le début de l’opération militaire de la Turquie. De nombreuses ONG ont suspendu leurs services et évacué le personnel international.

Syrie : 73 ONG tirent la sonnette d’alarme

Composé de 73 ONG internationales, le Forum régional des ONG internationales présentes en Syrie (SIRF - Syria INGO Regional Forum) vient de réagir à la crise syrienne, déclarant être « profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire depuis le début de l’opération militaire de la Turquie », le 9 octobre dernier.
 
Plus de 200 000 personnes ont été déplacées selon l’ONU qui estime que 400 000 personnes pourraient prochainement avoir besoin d’aide et de protection. En l’espace de trois jours, la ville de Hassaké a enregistré près de 60 000 arrivées suite à cette escalade de la violence, tandis que les hostilités dans la région ont également mis hors service la station d’eau principale, désormais hors service, alerte le SIRF dans un communiqué daté du 15 octobre.
 
Par ailleurs, 400 000 personnes « dépendent aujourd’hui de la solution provisoire consistant à pomper l’eau d’un barrage voisin, ne pouvant satisfaire que 50 % des besoins et fournissant une eau de mauvaise qualité ». Or, « le manque d’eau potable expose la population aux épidémies de maladies infectieuses, en particulier la diarrhée aiguë et la typhoïde, deux des maladies les plus signalées dans le nord-est en août 2019 », estime le SIRF.

Attaques visant des civils

Les 73 ONG internationales considèrent également que le recours aux frappes aériennes et à l’artillerie dans certaines zones « soulèvent de graves préoccupations concernant les attaques visant des civils, qui constitueraient une violation flagrante du droit international humanitaire ». L’utilisation d’armes explosives aurait déjà entraîné des déplacements forcés massifs et des dommages disproportionnés aux infrastructures vitales (hôpital Ras al-Aïn hors service, prestataires de soins médicaux inutilisables…), si bien que « les habitants des zones les plus touchées n’ont plus accès aux services de santé essentiels. »
 
Le SIRF est également préoccupé par le fait que plusieurs grandes installations humanitaires (camps de Mabrouka et d’Aïn Issa, NDLR) se trouvent dans un rayon de 30 kilomètres autour de la zone frontalière dans laquelle la Turquie a établi une présence militaire croissante. Conséquence : le camp de Mabrouka a été en grande partie évacué et n’est plus accessible et la majorité de ses résidents se sont installés dans le camp d’Areesha, mais « plusieurs familles n’ont pas pu partir et n’ont plus accès à la nourriture, à l’eau ou à un abri ».

De nombreuses ONG suspendent leurs services

Alors que les besoins humanitaires se sont considérablement accrus, l’opération a forcé de nombreuses ONG à suspendre leurs services et à évacuer le personnel international. Quant au personnel national, il « craint pour sa vie et celle de sa famille, car il n’est pas en mesure de trouver refuge dans les zones contrôlées par le gouvernement en Syrie ou dans les pays voisins».
 
Le SIRF estime donc qu’une action urgente est nécessaire et appelle (liste non exhaustive) :
- toutes les parties au conflit à s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu du droit international et du droit international humanitaire et à s’abstenir de prendre pour cible les civils et les travailleurs humanitaires, ainsi qu’à faire preuve de retenue afin de protéger l’approvisionnement en eau, les installations sanitaires, les écoles et les camps de personnes déplacées ;
- à un arrêt des opérations militaires et à un dialogue urgent entre les parties en conflit, soutenu par la communauté internationale ;
- toutes les parties au conflit à mettre fin à l’emploi d’armes explosives à vaste portée dans les zones peuplées ;
- toutes les parties au conflit et la communauté internationale à veiller à ce que la liberté de circulation et l’accès humanitaire soient garantis.
 

Non à "l’instrumentalisation politique de la santé des étrangers" 
Médecins du Monde (MDM) vient de publier son 19e rapport de l’accès aux droits et aux soins et constate que l’accès aux soins et aux droits des étrangers précaires en France est « de nouveau la cible d’attaques » depuis plusieurs semaines. Or, cette « obsession politique » qui voudrait que l’on vienne dans un pays uniquement pour se faire soigner va à l’encontre des constats du dernier rapport de MDM. En effet, la grande majorité des personnes (bénéficiaires de l’AME ou demandeurs d’asile) que l’ONG accueille et soigne dans ses centres d’accueil, de soin et d’orientation (CASO) « se trouve physiquement et psychologiquement épuisée et nécessite une prise en charge médicale immédiate ».
Selon l’ONG, beaucoup de demandeurs d’asile en France ont été victimes ou témoins de violences graves dans leur pays d’origine, durant leur exil et dans le pays d’accueil. Certains ont de lourdes séquelles psychiques et physiques, nécessitant un accès aux soins immédiat. En outre, ils « font déjà face à de nombreux obstacles pour se soigner : méconnaissance de leurs droits, barrières administratives et linguistiques, accompagnement social inexistant ou inadapté, absence de dispositif d’hébergement pérenne… » Ajouter à ces difficultés un délai de carence de trois mois pour pouvoir se soigner « contribuerait à l’aggravation de leur état de santé », selon MDM qui rappelle aussi que le dispositif de l’Aide médicale d’État (AME) est « extrêmement contrôlé » tandis que « peu de fraudes ont été constatées ». Enfin, contrairement aux idées reçues, « les bénéficiaires de l’AME ont recours à un panier de soins plus réduit que les bénéficiaires de la couverture maladie. L’idée de le réduire davantage provoquerait de sérieuses conséquences pour leur santé », estime MDM, qui estime que 44,3 % des personnes qui relèvent théoriquement de l’AME mais n’y ont pas accès dans ses centres de santé pour plusieurs raisons (méconnaissance du dispositif, lourdeurs des démarches administratives …). 

 

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