
Pr Matthieu Durand, aux Rencontres de la FHP, le 16 octobre 2025.
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Une majorité encore dans les murs, mais une dynamique active et des médecins motivés
Sur les 102 médecins interrogés entre le 31 juillet et le 30 septembre 2025, 35 % exercent déjà hors de leur établissement. Parmi eux, les consultations avancées dominent largement (67,5 %), devant les interventions en EHPAD (12,5 %), la participation à des équipes HAD (10 %) ou en maison de santé pluriprofessionnelle (10 %).
Chez ces médecins engagés, la motivation relève d’abord d’une initiative personnelle (44 %), suivie de la réponse à un besoin territorial identifié (35 %).
Autrement dit, une dynamique de terrain émerge : les praticiens s’organisent, souvent spontanément, pour aller vers les patients.
Ceux qui ne le font pas encore sont freinés, pas désintéressés
Les deux tiers de médecins qui n’exercent pas « hors les murs » invoquent principalement des contraintes structurelles.
Les freins les plus cités sont le manque de temps médical (60 %), l’absence de valorisation financière (43 %), le manque de reconnaissance institutionnelle (32 %) ou encore des problèmes logistiques (29 %).
Ces chiffres ne traduisent pas un désengagement, mais un potentiel inexploité, qui pourrait être levé par un cadre adapté.
Une ouverture vers les zones sous-dotées
Les médecins du secteur privé ne ferment pas la porte aux vacations régulières dans les territoires en tension.
Si 18 % exercent déjà dans des zones sous-dotées, un quart (25 %) se disent prêts à le faire régulièrement, et près d’un tiers (32 %) n’excluent pas l’idée si un cadre devait être posé.
Seuls 24 % affirment qu’ils ne s’y prêteraient pas, souvent pour des raisons de temps disponible ou de logistique.
Autrement dit, près de six médecins sur dix envisagent ou pratiquent déjà une mobilité territoriale, à condition que le cadre soit clarifié et soutenu.
Le secteur privé, un acteur légitime sous conditions
Enfin, 62 % des répondants estiment que le secteur privé est légitime à participer à la couverture des zones médicalement désertifiées, à condition d’une adaptation des moyens et du cadre réglementaire.
Seuls 17 % considèrent que cette responsabilité revient exclusivement au public, tandis que 17 % plaident pour une responsabilité partagée public-privé.
Ce sondage révèle ainsi des médecins « du privé » lucides, engagés mais entravés, pourtant prêts à s’impliquer davantage sur leur territoire si un cadre était posé. .
Le message des médecins de cliniques est clair : ils sont prêts à exercer hors les murs au plus près des patients , à condition qu’on les aide à franchir la porte.