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« Il est rare de terminer une consultation sans prescription. On se sent parfois obligés de prescrire quelque chose mais heureusement les pratiques évoluent. Les patients sont de plus en plus informés sur l’antibiorésistance ou les effets secondaires de certaines molécules grâce à la forte médiatisation », confie le Dr Camille Furgé.
Forte de son expérience, la généraliste a développé plusieurs stratégies pour s’éloigner de cette norme. En effet, elle considère que s’il est plutôt rare que ses patients la consulte « avec une liste de courses », il lui arrive de recevoir des demandes spécifiques, parfois non justifiées. En fonction des situations, elle peut trancher en faveur de ces demandes en optant pour des prescriptions de courtes durées, sinon au contraire en refusant, tout en prenant le temps d’expliquer la raison. « Ces conseils prennent du temps, mais ils valent mieux qu’une prescription systématique », explique-t-elle.
« Je réalise des tests rapides d’orientation diagnostique pour expliquer aux patients si un traitement est nécessaire »
« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique ». La campagne a marqué tous les esprits. Camille Furgé s’en sert pour le rappeler aux patients atteints de pathologies ORL comme les angines. Elle évite systématiquement les antibiotiques à moins qu’ils ne soient indispensables. « Je réalise des tests rapides d’orientation diagnostique pour expliquer aux patients si un traitement est nécessaire ou non. Cela facilite beaucoup la communication et réduit les prescriptions inutiles. » précise-t-elle.
En salle d’attente, un panneau bien visible, rappelle l’importance de bouger pour lutter contre la sédentarité
Concernant les hypnotiques, elle a cessé de les initier pour ses patients. « J’explique les risques de troubles de mémoire, surtout chez les personnes âgées. Je privilégie des alternatives en insistant par exemple sur des pratiques de relaxation et l’activité physique ». Si nécessaire, elle oriente ses patients vers des spécialistes, tels que des psychiatres ou des médecins du sommeil. Pour les troubles anxio-dépressifs, il peut lui arriver de prescrire des antidépresseurs mais elle le fait uniquement chez les patients qui acceptent d’être suivis par un psychologue ou un psychiatre.
De façon plus générale, Camille Furgé insiste beaucoup sur les règles hygiéno-diététiques. Elle conseille à ses patients, de se mettre ou remettre à l’activité physique progressivement. Si besoin, elle prescrit de la kinésithérapie pour relancer certains automatismes, ou une perte de poids si nécessaire et en salle d’attente, elle a installé un panneau bien visible, rappelant l’importance de bouger pour lutter contre la sédentarité.
« En visite à domicile, je vois des placards pleins de paracétamol, par exemple »
Lorsqu’elle est confrontée à des patients concernés par de multiples pathologies, la généraliste analyse minutieusement les lignes d’ordonnance. Pour elle, hors de question de faire un clic automatique de renouvellement : « Avant de simplement renouveler une ordonnance, je réfléchis à ce qu’il est pertinent de conserver ou non. Je fais des visites à domicile, et je vois que les placards sont plein de paracétamol, surtout chez les personnes âgées ». Pour éviter les déconvenues avec les patients, Camille Furgé mise sur une communication claire avec eux. « J’explique chaque prescription ou modification. Je les rassure en expliquant que l’on peut toujours revenir en arrière. Je les encourage à me reconsulter si nécessaire pour ajuster les traitements ». Enfin, s’il s’agit d’ordonnances initiées par des spécialistes, en cas de doute, elle préfère contacter ses confrères, avant d’apporter des modifications.
Enfin, Camille Furgé mentionne également que son logiciel de prescription l’alerte sur certaines interactions médicamenteuses ou prescriptions potentiellement à éviter, un outil qu’elle trouve utile pour sécuriser et optimiser les prescriptions.
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