Sécurité : médecins et flics doivent travailler main dans la main

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Mariage de coeur ou de raison ?

Sécurité : médecins et flics doivent travailler main dans la main

Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a présenté ce matin ses statistiques annuelles sur la sécurité dans les cabinets. La violence est stable depuis quelques années, mais l’inventivité de la profession pour y faire face ne faiblit pas.

 

La France a peur. Ou du moins ses médecins. C’est en substance le message qui se dégageait ce matin lors de la présentation par le Cnom des résultats de son Observatoire de la sécurité des médecins pour l’année 2015. Mais les ordinaux ne se contentent pas de tirer la sonnette d’alarme. Ils esquissent aussi tout un panel de solutions pour contrer le sentiment d’insécurité qui gagne la profession.

D’abord, le constat. L’Ordre a reçu l’année dernière 924 déclarations d’incidents violents de la part de médecins. Ce nombre est à peu près stable depuis 2010 (voir ci-dessous).

8 % d'agressions physiques

Plus des deux tiers des déclarations concernent des agressions verbales ou des menaces, et 27 % concernent des vols, tentatives de vol ou actes de vandalisme. Seulement 8 % des déclarations se rapportent à des agressions physiques.

Nombre annuel de déclarations d’incidents violents par les médecins
©Ipsos – Observatoire de la sécurité des médecins en 2015 – Octobre 2015

Mais le fait que le nombre d'agressions physiques est relativement faible ne signifie pas que la violence n'est pas un problème. C’est pourquoi le Cnom avait ce matin invité tout un panel d’experts à faire part d’expérimentations pour améliorer la sécurité.

Des patrouilles juste pour dire bonjour

« Quand des caméras de vidéosurveillance sont installées à proximité d’une entrée de cabinet, il y a moins d’incidents », remarque par exemple le Dr Christian Bourhis, conseiller ordinal francilien et ancien coordinateur de l’Observatoire de la sécurité des médecins.

Celui-ci mise également sur la proximité avec les forces de l’ordre. « Dans certaines villes comme Sarcelle, des agents peuvent venir taper à la porte du cabinet deux ou trois fois par jour, juste pour demander si tout va bien », explique-t-il. « Cela dissuade les dealers de venir dans l’immeuble. »

Se faire accompagner par les flics en visite

Autre idée, soufflée par le commissaire Arnaud Poupard, ancien responsable de l’Observatoire des violences en milieu de santé : l’accompagnement par une patrouille lors des visites à domicile en zone sensible.

Le médecin donne au préalable le nom et l’adresse du patient, ainsi que l’horaire de la visite. La police s’arrange pour être dans les parages à ce moment. « Si le médecin appelle au secours, la police sera là au plus vite », indique le policier.

Porter plainte en moins de deux

Reste qu’une fois que le mal est fait, il faut déposer plainte. Et pour un médecin, ce n’est pas toujours facile. « Les médecins ne peuvent pas se permettre de passer quatre heures dans un commissariat », explique le Dr Hervé Boissin, actuel coordonnateur de l’Observatoire de la sécurité des médecins.

Certains postes ont donc mis en place une ligne dédiée, afin que les forces de l’ordre sachent que c’est un médecin qui appelle et traitent sa demande plus rapidement.

Moralité : pour être en sécurité, mieux vaut exercer à l’ombre de la police. Cela ne fera peut-être pas plaisir à tout le monde, mais c’est la prescription de l’Ordre !

Source:

Adrien Renaud

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