Sanae Mazouri-Karker, généraliste au service de la médecine de demain

Article Article

Pionnière dans la télémédecine à Genève, fondatrice d’une clinique à son image, ou encore enseignante… À 42 ans, le Dr Sanae Mazouri-Karker, médecin généraliste, n’a jamais hésité à se réinventer pour parvenir à soigner.

Sanae Mazouri-Karker, généraliste au service de la médecine de demain

« J’ai grandi avec la médecine traditionnelle, mais j’aime travailler avec la médecine de mon temps ». C’est par ces mots que le Dr Sanae Mazouri-Karker tente d’expliquer la richesse de son parcours. Fondatrice du Centre médical Terre-Bonne (Eysins), médecin adjointe au service de cybersanté et télémédecine des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), tutrice d’enseignement de communication en milieu clinique à l’Université de Genève… À 42 ans, cette Française installée en Suisse n’hésite pas à nourrir sa pratique quotidienne d’une myriade d’activités. Son objectif ? Tout faire pour parvenir à mieux soigner.

Soigner, un rêve de petite fille 
 
Devenir médecin, cette maman de deux enfants en rêve d’ailleurs depuis l’âge de dix ans. « Lorsque j’étais petite, j’ai eu deux médecins de famille qui étaient mes modèles. Ils représentaient un lien entre toutes les générations », se souvient-elle. Une aspiration qui s’est transformée en vocation au détour d’un stage d’observation. « J’ai fait un stage chez l’un d’entre eux. Pour moi, ça a été le déclic », se remémore la quadragénaire. De cette expérience est née une certitude qui, depuis, ne l’a jamais quittée. « Je voulais soigner », résume-t-elle.
 
Une vocation qui l’a amenée à s’hasarder dans des sentiers nouveaux. Alors cheffe de clinique aux HUG, celle qui souhaite simplement prendre soin de ses patients confronte son rêve à la réalité. « Nous avions beaucoup d’attente, et il arrivait que les patients partent sans avoir été vus », se souvient la généraliste. Une situation ne s’accordant pas avec ses principes qui l’a poussée à réinventer sa pratique. « Il y avait des patients qu’on pouvait traiter à distance. Comme ceux venant pour le renouvellement des ordonnances ou des affections bénignes, se souvient-elle. J’ai donc pensé à la télémédecine. »

Mieux soigner grâce à la télémédecine 
 
Un Grand Prix du Jury gagné à l’Hackhaton des HUG plus tard, Sanae Mazouri-Karker obtenait un financement pour développer son projet. « Et puis, il a évolué. Et c’est comme ça que nous avons commencé à travailler sur la plateforme de télémédecine Hug@Home », se souvient-elle. L’idée : permettre aux infirmiers à domicile (IMAD) de contacter un médecin des HUG pour obtenir un avis médical… Et ainsi éviter qu’un patient récemment hospitalisé ne rejoigne trop vite les lits de l’établissement de santé. « Parfois, nous avons un problème de discontinuité de l’information entre l’hôpital et le retour à domicile, ce qui peut favoriser des erreurs de prise en charge ou des réadmissions. Avec ce système, l’infirmier devient les yeux et les oreilles du médecin. Et ensemble, ils vont décider si le patient nécessite d’être ré-hospitalisé. », indique-t-elle. Un cas d’usage qui a permis d’éviter 9 retours aux Urgences sur 10, selon elle. Téléinterprétation pour les patients malentendants, stéthoscope connecté… Depuis, les projets d’e-santé continuent d’affluer aux HUG. « La médecine se digitalise. C’est un nouvel outil qu’on doit pouvoir intégrer à partir du moment où il facilite le quotidien », souligne Sanae Mazouri-Karker

Un centre médical pensé pour demain
 
Un désir de mieux soigner qui l’a conduit à fonder son propre centre médical en octobre 2019. « Je me suis lancée dans cette aventure car c’était ce qui me manquait encore, nous confie-t-elle. Une structure qui me permette de développer une médecine telle que je l’ai toujours imaginée ». Au programme ? Une médecine centrée autour du patient soutenue par une équipe pluridisciplinaire travaillant avec l’ensemble du réseau de soin. « Nous avons une spécialiste qui fait de l’éducation thérapeutique, un médecin qui a une spécialité en médecine manuelle, une cardiologue, une gynécologue ou encore une spécialiste de la douleur et en hypnose… L’idée est d’avoir des médecins avec des profils différents pour avoir une prise en charge complémentaire », indique-t-elle. Sans oublier bien sûr d’en digitaliser les usages. « C’est aussi un moyen de rendre le patient plus actif dans sa prise en charge. S’il sollicite une téléconsultation, il peut par exemple prendre sa tension. Il devient un patient partenaire. C’est une de mes motivations ».
 
Une vision qu’elle transmet également sur les bancs de l’Université de Genève. Depuis quelques années, elle y officie en tant qu’enseignante. « J’apprends aux futurs médecins à comprendre leurs patients  en communiquant de manière simple en explorant leurs attentes , leurs craintes et leur vécu de la maladie,  les impliquer…», détaille-t-elle. Un investissement auprès des nouvelles générations qui lui permet d’un peu plus participer à la construction de la médecine de demain. Car, outre mieux soigner, ce qu’aime aussi cette généraliste visionnaire est certainement de voir son métier évoluer. 
 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers