Revenus des médecins libéraux : faible augmentation et fortes disparités (par spé, par sexe…)

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Selon le dernier rapport de la Carmf, le revenu des médecins libéraux n’a augmenté que de 2,84 % en 2021. Les femmes médecins touchent 36 % de revenu en moins en moyenne que leurs confrères masculins.

Revenus des médecins libéraux : faible augmentation et fortes disparités (par spé, par sexe…)

© IStock

Alors que les médecins libéraux sont en grève depuis ce lundi pour demander une revalorisation du tarif de leur consultation à 50 euros, la question du revenu des praticiens est au cœur de toutes les interrogations. Alors que l’on entend parfois tout et son contraire sur la question, notamment lorsqu’il s’agit de comparer le revenu des médecins français par rapport à leurs confrères étrangers, le dernier rapport de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf) sur la démographie médicale et le revenu des praticiens en 2021, publié il y a deux semaines, permet d’y voir un peu plus clair sur la question.

En 2021, les quelques 125 000 médecins installés en libéral en France déclaraient des bénéfices non commerciaux (BNC) moyen de 95 000 euros, soit une augmentation de 2,84 % par rapport à 2019 (2020 ne peut pas être utilisé comme année de référence à cause des confinements survenus cette année-là). Si le revenu des médecins libéraux a augmenté de 32 % en euros nominal depuis 2002, la Carmf estime qu’il n’a augmenté que de 3 % en euros constant en 20 ans, soit moins que celui des salariés du privé.

Un anesthésiste-réanimateur gagne plus de deux fois plus qu’un psychiatre

Des chiffres qui cachent d’importantes disparités selon les modes d’exercice des médecins et leur spécialité. En premier lieu, les revenus déclarés sont logiquement bien supérieurs chez les praticiens installés en secteur 2, qui touchent 120 000 euros par an en moyenne, soit 36 % de plus que leurs confrères en secteur 1, qui gagnent 88 000 euros par an. La disparité est également très importante entre les généralistes (81 000 euros par an) et les autres spécialistes (114 000 euros) et bien sûr au sein même des autres spécialistes. Alors qu’un anesthésiste-réanimateur pourra espérer gagner 167 000 euros par an en moyenne et un chirurgien 145 000 euros, pédiatres et psychiatres devront eux se contenter d’environ respectivement 74 000 et 72 000 euros.

Plus étonnant et regrettable à une époque où la question de l’égalité hommes/femmes est particulièrement médiatisée, les femmes médecins continuent de tirer sensiblement moins de revenus de leurs activités que leurs confrères masculins. Le revenu médian d’une praticienne est ainsi de 62 000 euros par an contre 92 000 euros pour un homme et seulement 25 % des femmes touchent plus de 90 000 euros annuellement. Une différence entre les sexes qui s’aggrave avec l’âge : une femme médecin de moins de 35 ans touche « seulement » 25 % de moins que son confrère du même âge, tandis qu’une praticienne de 45 ans gagne en moyenne 37 % de moins qu’un médecin homme. Les femmes médecins sont d’ailleurs plus jeunes que leurs confrères : elles ont 47,65 ans en moyenne, soit 7 ans de moins que leurs confrères.

Les femmes boudent les spécialités les plus lucratives

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette « discrimination » qui touche les femmes. Les praticiennes travaillent généralement moins que les hommes, notamment parce qu’elles sont plus enclines (ou contraintes) à privilégier leur vie familiale. Mais les choix de spécialité expliquent également ce différentiel de revenus, les femmes se tournant davantage vers les spécialités les moins rémunératrices. Ainsi, dans l’anesthésie-réanimation, spécialité la plus lucrative, on ne compte que 96 femmes pour 224 hommes, idem en chirurgie où trois fois plus d’hommes que de femmes s’installent chaque année. A l’inverse, les femmes sont majoritaires en gynécologie, pédiatrie et psychiatrie, des spécialités qui rapportent moins.

Une disparité de revenus qui inquiète la Carmf pour l’avenir de ses caisses. « La féminisation de la profession (43 % des médecins libérales sont des femmes, contre 28 % en 2002) a des conséquences sur la retraite de l’ensemble des médecins » s’inquiète la caisse. « Comme les cotisations sont pour la plupart proportionnelles aux revenus, la baisse envisageable des montants encaissés modifiera durablement le financement des retraites ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/les-medecins-liberaux-ont-envie-de-deplaquer-alors-meme-que-le-systeme-de-sante-vraiment

Le président de la Carmf, le Dr Thierry Lardenois, en profite pour répondre à ceux qui critiquent sa décision de ne finalement pas revaloriser la retraite complémentaire en 2023 et défendre sa posture de prudence financière. « Je tiens à redire ici, que quand on épuise son cheval à la tâche, il se couche pour ne plus se relever ! »

Grégoire Griffard
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