Rencontre Gharbi-Véran, entre bras de fer et poignée de mains

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Ce mardi 8 décembre, Olivier Véran et le Président de la FHP, Lamine Gharbi, se sont rencontrés afin de discuter, ensemble, de la situation des hôpitaux privés. Une discussion d’une heure ponctuée d’accords et de désaccords où la transparence était la règle.  

Rencontre Gharbi-Véran, entre bras de fer et poignée de mains

C’est une joute verbale amicale qui s’est déroulée devant nos yeux ce mardi 8 décembre. Durant une rencontre organisée au sein du Ministère des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran et le Président de la FHP ont échangé à bâtons rompus sur les enjeux et perspectives des établissements de santé privés. Une discussion d’une heure, partagée entre amabilités et débats, à destination des acteurs de l’hospitalisation privée qui étaient plus d’un millier à assister à la rencontre diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Petit florilège.
 
La dotation de 650 millions d’euros pour l’investissement public privé associatif.
Équité. C’est le mot rappelé à plusieurs reprises par le président de la Fédération, inquiet du mode de répartition des 650 millions d’euros entre les établissements publics et privés prévus dans le cadre du plan Investir à l’Hôpital. « Est-ce qu’elle se fera au poids des secteurs ? », a lâché Lamine Gharbi. Une question précise pour une réponse plus évasive : « Je souhaite pouvoir donner dans les territoires, via les agences régionales de santé, la capacité de discuter territoire par territoire, établissement par établissement, des projets qui doivent être soutenus. Ainsi, il n’y pas de règle », a lâché le ministre. Une décision qui s’inscrit dans la volonté du gouvernement de donner plus de marge de manœuvre aux territoires pour répondre efficacement à leurs enjeux de santé publique. Un commentaire précédé par un autre. Olivier Véran, en effet, tenu à rappeler son attachement à la coopération des secteurs. « Cette coopération [vue entre les secteurs pendant la crise du Covid, Ndlr.] montre que nous avons un système qui est extrêmement solide lorsque les secteurs marchent ensemble. À partir de là, quel ministre serais-je si je vous disais qu’on va traiter différemment les missions ? ».
 
Le Ségur : entre bilan et mémo
Une ambition affichée, selon lui, notamment dans la revalorisation des salariés du secteur privé, comme les aides-soignantes et les infirmiers. « 160 euros net pour tous les salariés », a rappelé Olivier Veran. Une revalorisation qui, rappelons-le, reste en deçà de celle accordée au personnel hospitalier du secteur public. « On a pu avoir quasiment l’équivalent que le secteur public. C’était très bien », a ajouté le Président. Une inquiétude demeure pourtant. « Les pharmaciens salariés de nos pharmacies à usage intérieur ont été oubliés du Ségur. Ils n’ont pas été revalorisés », a rappelé le pharmacien. Un reproche réceptionné par Olivier Veran qui a promis « de regarder la situation ». Un oubli sur lequel alerte depuis plusieurs semaines les syndicats qui ont prévu de rassembler leurs adhérents afin de battre le pavé devant le Ministère de la Santé le 18 décembre prochain.
 
La pénurie des soignants.
« 10 % de nos effectifs sont en contrat à durée déterminée. Nous ne trouvons pas sur le marché de l’emploi les qualifications et le personnel nécessaire pour faire fonctionner nos établissements », a rappelé Lamine Gharbi qui s’est attardé sur la question des formations. « Ce ne sont pas les vocations qui manquent. Par contre, nous avons besoin de former davantage », s’accorde à dire Olivier Véran. Et d’ajouter : « C’est pourquoi en complément du Ségur, nous avons augmenté de 10 % les capacités de formation en IFSI. C’est-à-dire 1200 places pour cette rentrée. Et on double les capacités en IFAS, pour les aides-soignantes, d’ici 2025 ».
 
Le cas des Ibode
Autre dossier brûlant : le dossier des infirmiers de bloc opératoire (Ibode). « Ce dossier tend un peu nos relations », a confié Lamine Gharbi, qui en souligne tout de même la difficulté. 80 % des infirmières qui exercent actuellement dans leurs blocs opératoires n’ont pas la formation requise. Une donne « anxiogène » pour les chirurgiens, les directeurs d’établissements mais aussi pour les infirmiers « qui commencent à exercer leur droit de retrait ». « On a demandé qu’au 31 décembre l’ensemble des infirmiers ayant un an d’ancienneté puissent être labélisés.  Nous avions convenu avec Agnès Buzynen mars dernier l’organisation d’une formation de 50h », a rappelé Lamine Gharbi qui souligne son désaccord avec la mise en place des mesures transitoires en deux temps. « Un décret numéro un qui labellise les trois premiers actes, puis un décret numéro deux qui labellise les six derniers », rappelle le Président. Une décision prise par le gouvernement pour répondre à l’urgence de la situation pour lequel il a décidé de saisir le conseil d’État pour permettre « une entrée en vigueur rapide de ce nouveau dispositif ». « C’est un projet de décret qui prévoit uniquement de simplifier les modalités de délivrance des autorisations d’exercice pour les infirmiers de la manière suivante : d’abord la condition d’un an d’expérience en bloc opératoire du 30 juin 2019 est étendue au 31 décembre 2019. Ensuite, on délivre une autorisation définitive d’exercice subordonnée à une formation de 21h telle qu’elle est prévue par les textes. Et puis, l’ouverture d’une nouvelle disponibilité de dépôt des candidatures jusqu’au 31 mars 2021 », énumère le ministre de la santé, les yeux rivés sur ses notes.
 
La réforme du financement de la psychiatrie hospitalière
Prévue pour janvier 2021, cette réforme qui prévoit de mettre en place des dotations populationnelles afin de réduire les écarts de financement entre les régions a été repoussée à 2022. Une nouvelle qui a ravi le Président de la FHP. « Ce n’était pas la bonne mesure. Nous ne pouvions pas accepter d’avoir nos budgets figés pendant la période transitoire. Vous avez ajouté que 80 % de nos adhérents seront gagnants. Pouvez-vous me le confirmer ? », a indiqué Lamine Gharbi. Et d’ajouter : « Nous sommes inquiets car il n’y pas d’étude d’impact ».  « Le recul dans l’application de la réforme n’est pas un recul sur le fond. Et cette réforme, elle se fera. », a indiqué le ministre de la Santé, qui a invité la Fédération à transmettre les données nécessaires aux simulations d’impact.
 
La prochaine étape, la vaccination
La FHP se tient prête à participer à la grande campagne de vaccination qui s’annonce. « Lorsque vous le jugerez nécessaire, nous serons là pour aider à vacciner », a lâché le Président de la FHP qui confie que certains établissements se sont équipés des réfrigérateurs nécessaires à la conservation des vaccins. « Et je mets à disposition l’ensemble des mille cliniques dans votre schéma d’organisation », a-t-il ajouté. Une « offre de service » appréciée par le ministre de la Santé. « Viendra le moment quand nous commencerons à diffuser le vaccin dans les médecines de ville où nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés. »

 

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