Remboursement des psychothérapies : la sécu devrait y songer

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1 euro dépensé = 2 euros gagnés

Remboursement des psychothérapies : la sécu devrait y songer

Bon nombre de psychiatres et de chercheurs le clament haut et fort : les psychothérapies sont autant, voire plus efficaces, que les médicaments. Et lorsqu'il n'est d'autre choix que de prescrire un traitement, la psychothérapie devrait être systématiquement associée à la prescription de psychotropes.

Mais voilà, les psychothérapies, quelles qu'elles soient, ne sont pas remboursées. Conséquence, la prise de médicaments est largement privilégiée...laissant de côté toute possibilité d'évolution psychologique et d'autonomisation du patient vis à vis du traitement. Avec les excès franco-français que l'on connaît, confirmés en janvier par l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament).

Quant aux psychiatres qui espéreraient faire des psychothérapies, plusieurs solutions se présentent. S'ils sont en secteur 2, c'est simple, ils facturent le prix qu'ils entendent. Pour les "secteur 1", c'est une autre paire de manche. Soit ils facturent au tarif secteur 1 (37 euros), soit ils bidouillent en faisant passer des tests psychologiques côtés à 69 euros. Nul besoin de préciser que nos collègues psychiatres privilégient le choix de la liberté tarifaire, à l'instar des psychothérapeutes non médecins qui proposent des tarifs bien souvent supérieurs à 60 euros la séance. Encore une fois, les dépassement d'honoraires répondent à l'absence de position de la sécu. Une question se pose : pourquoi attribuer aux titulaires du DES de psychiatrie un statut de psychothérapeute, si leur activité n'est pas reconnue ? 

Il a fallu une tribune dans Libé, portée par des chercheurs du CNRS, pour élever ce débat interne à la sphère médiatique. Ce mardi 11 février, Xavier Briffault, Pierre-Henri Castel et Anne Dezetter se sont exprimés en faveur d'un remboursement des psychothérapies. Parmi ces lignes, on a a pu lire : "Nos simulations montrent que pour un euro investi dans la prise en charge d'un adulte dépressif, elles se montent à deux euros. Il suffirait pour cela de rembourser à 60 % une vinftaine de séances facturées chacune 40 euros. C'est avéré : un tel remboursement serait rentable à court terme". Pourquoi ? Tout simplement parce que les psychothérapies sont "au premier rang des traitements les plus efficaces", soulignent les chercheurs.

Quant à ceux qui craindraient un embrasement du débat psychanalyse versus TCC (Thérapies cognitivo-comportementales), la tribune modère les esprits : "les études les plus fiables n'accordent désormais plus d'importance à l'école de psychothérapie testée." Pour clore leur argumentation et valider leur proposition, le trio de chercheurs rapporte l'exemple britannique. Ceux-ci ont entrepris un programme d'amélioration de l'accès aux psychothérapies : "partout où ce remboursement existe, les effets sont positifs." Quel flair, ces british. Encore une fois, ils ont un temps d'avance.

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What's up doc - publié par AP 13/02/2014

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