Réforme territoriale et politique de santé : il est urgent de croiser les regards !

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La réforme territoriale va toucher le quotidien des Francais en faisant évoluer la réponse qu’apportent les collectivités aux grandes questions de leur vie, qu’il s’agisse du logement, du transport, de l’aide sociale ou encore de l’enseignement.

Réforme territoriale et politique de santé : il est urgent de croiser les regards !

Étonnamment, la santé est absente des réflexions sur l’organisation et les compétences des territoires.  Elle constitue pourtant la première préoccupation des Français, soucieux de leur accès aux soins et de la qualité des organisations qui leur sont offertes.

La santé est surtout à la croisée de toutes les politiques de proximité (logement, urbanisme, précarité, aménagement du territoire, prévention, développement économique), rendant indispensable une coordination des approches et des actions. Bien entendu, il ne s’agit pas pour moi de plaider en faveur d’une décentralisation des compétences sanitaires qui nécessiterait de régionaliser le financement et les dépenses de santé. En revanche, au regard des enjeux auxquels nos collectivités sont confrontées (prise en charge de la dépendance  à domicile, parcours de soins, prévention scolaire, santé environnementale, déserts sanitaires), il est indispensable que la loi organisant la réforme territoriale soit l’occasion d’une révision profonde  de la place de la santé dans nos territoires.

La fusion de certaines régions doit d’abord conduire à une refonte des missions et surtout des pratiques des ARS. Au-delà de la réduction de leur nombre, les pouvoirs publics doivent les réorienter dans le sens initialement souhaité par le législateur et en faire des outils plus réactifs, plus modestes, au service du décloisonnement du système et du soutien aux acteurs de terrain.

Ensuite, les intercommunalités doivent progressivement s’affirmer comme des autorités porteuses d’un regard de proximité et d’une responsabilité politique en matière de santé.

C’est à leur niveau en effet et sous leur impulsion que doivent s’organiser les parcours de santé et les structures de coopération entre établissements sanitaires, médicosociaux et professionnels libéraux.  La santé doit ainsi être intégrée dans la coordination des politiques publiques locales et intercommunales, dont chacune devrait avoir un volet sanitaire.

Surtout, cette réforme doit être l’occasion de rappeler que la santé est d’abord un facteur de croissance pour les territoires. Les collectivités doivent se saisir de la santé comme un objet de croissance et créer des écosystèmes de l’innovation en santé à même de valoriser leur expertise et leurs territoires.

Au final, proximité, et responsabilité politique sont sans conteste les voies d’avenir de notre système de santé.

 

*Gérard Larcher, ancien président du Sénat, est aujourd’hui sénateur-maire de Rambouillet et président du Cercle Santé Innovation.

 

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