Psychiatrie : de l’art d’esquiver les gnons

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Mode d’emploi pour gérer la violence des patients

Psychiatrie : de l’art d’esquiver les gnons

Pour aider les psychiatres à faire face à la violence de certains patients, la Haute autorité de santé (HAS) a publié en septembre dernier un ensemble de conseils et d’outils. De quoi revigorer des psychiatres trop souvent malmenés.

L’automne est bien entamé, mais il est encore temps d’éviter les châtaignes. À cette fin, la HAS propose une panoplie de documents destinés à mieux prévenir et prendre en charge l’agressivité des patients hospitalisés en psychiatrie. Des conseils bienvenus pour la spécialité, qui reste la plus exposée aux épisodes de violence. Parmi eux, le désamorçage permet d’identifier et de réduire les tensions avant qu’elles n’explosent.

« Le désamorçage d’une situation violente commence par la connaissance du malade », explique Jean-Louis Senon, professeur de psychiatrie à l’université de Poitiers, qui a dirigé le programme. « Le meilleur facteur de prédiction de la violence, c’est la violence antérieure. » Le psychiatre rappelle la nécessité de se renseigner au plus vite sur les antécédents du patients et de l’accueillir dans les meilleures conditions. « L’accueil doit être extrêmement informatif et le patient doit être mis au courant de ses droits et devoirs dès le début de son hospitalisation », ajoute-t-il.

Et concrètement ?

La fiche outil consacrée au désamorçage permet de repérer et suivre les signes précurseurs et les circonstances de déclenchement des situations à risque. Elle distingue trois stades dans l’escalade à la violence, chacun associé à une réponse spécifique. En cas de petites tensions, il est ainsi conseillé d’« accuser réception » afin de soulager le patient. Pour les situations les plus conflictuelles, définir un espace de prise en charge séparé des autres patients est recommandé.

S’y ajoute une palette de comportements précis à adopter face à un patient un peu trop castagneux : « détendre le visage, ne pas froncer les sourcils et ne pas faire la moue », « préparer à l’avance des réponses aux insultes les plus courantes » ou encore « donner au patient la possibilité de se maîtriser (un temps tabac, une activité, un cri) ».

Réduire de moitié la violence

Si l’envie de dégainer des châtaignes demeure présente, il est important de prendre en considération une idée simple : toute violence est souvent liée à une interaction. « Il est impératif d’éviter de se situer “en miroir” face à une personne agressive, au risque de favoriser l’escalade de la violence », explique Jean-Louis Senon. « Une équipe soignante en burnout aura davantage tendance à répondre de manière agressive », rappelle-t-il.

« Notre pari est de réussir à diminuer de 50 % les phénomènes de violence grâce à ces outils de prévention », affirme Jean-Louis Senon. S’il appartient à chaque hôpital d’organiser des formations sur le sujet selon ses besoins et son financement, le HAS compte bien diffuser auprès des directions des établissements et des CME le fruit de leurs travaux. Afin que la psychiatrie ne reste pas un sport de combat.

Source:

Im`ene Hamchiche

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