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Au deuxième jour des plaidoiries au procès de Joël Le Scouarnec devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes, Me Negar Haeri, avocate du CNOM, a indiqué que l'institution « présentait ses regrets ».
« Comment faire pour réparer le mal ? (...) Admettre des regrets, le CNOM ne pouvait pas faire moins », a-t-elle déclaré.
Joël Le Scouarnec avait été condamné en 2005 pour détention d'images pédopornographiques, sans interdiction d'exercer.
Sa titularisation en août 2006 comme chef du service de chirurgie à Quimperlé (Finistère) avait néanmoins été validée quelques mois plus tard par le Conseil départemental de l'Ordre des médecins (CDOM) de ce département.
L'accusé avait ensuite exercé à partir de 2008 à l'hôpital de Jonzac (Charente-Maritime) dont la directrice avait été informée - par le chirurgien lui-même - de sa condamnation. Le CDOM de Charente-Maritime avait également validé la prise de poste du practicien.
La peur que tout reprenne comme avant
Lundi, les anciens présidents des CDOM de Charente-Maritime et du Finistère se sont cependant défaussés de toute responsabilité, comme cinq autres anciens cadres des institutions médicales et hospitalières.
« J'ai eu honte que pour chacun d'eux, en dépit du parfait scandale de cette affaire, l'aveu de responsabilité a été à ce point difficile », a tancé Me Haeri.
La constitution du CNOM et du CDOM du Morbihan comme parties civiles avait suscité une levée de boucliers auprès des victimes et leurs avocats. Elle a été justifiée par Me Haeri comme un moyen pour le CNOM de faire « œuvre d'introspection » et afin d'« admettre des dysfonctionnements et des manquements ».
« Joël Le Scouarnec a entaché l'une des plus belles professions qui existent », a-t-elle estimé, déplorant qu'à cause de l'accusé, « la figure du médecin ne suscite plus confiance ».
« Nous pouvons faire la promesse que tous les efforts seront fournis pour réparer non pas le passé mais l'avenir », a promis l'avocate.
Une promesse mise en doute dès la plaidoirie suivante, celle de Me Iannis Alvarez, avocat de plusieurs victimes.
« La vraie question, c'est : est-ce qu'un nouveau Joël Le Scouarnec pourrait avoir lieu ? La réponse est oui », a-t-il accusé. « Attendez que l'orage judiciaire passe et tout reprendra comme avant. »
Le verdict est attendu le 28 mai. Joël Le Scouarnec risque jusqu'à 20 ans de prison.
Avec AFP