
Chirurgien cardiaque, chef de service, ancien vice-président de la métropole Aix-Marseille-Provence et actuel conseiller départemental des Bouches-du-Rhône, Frédéric Collart se lance dans une nouvelle aventure : les élections municipales de Marseille.
Belge de naissance, c’est à 15 ans qu’il s’installe en France. Après avoir obtenu son bac, il commence ses études de médecine dans la cité phocéenne, qu’il ne quittera plus.
Pendant son internat Frédéric Collart devient représentant des internes de Marseille à l’ISNI. Il déplore néanmoins avoir dû mettre son engagement de côté à la fin de ses études, la chirurgie cardiaque étant « trop prenante. »
C’est bien des années plus tard, devenu PH cardiologue à la Timone, qu’il reprendra du service en politique. En 2016, la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) voit le jour avec le soutien de Jean-Claude Gaudin, alors maire de Marseille, malgré une forte opposition locale. Il en devient le président dès sa création, jusqu’en 2018.
« Jean-Claude Gaudin m’a demandé de m’occuper de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la santé à la métropole AMP. J'avais pu étoffer mon équipe à l’hôpital et je pouvais dégager un peu de temps administratif, mais je mettais un point d’honneur à ne pas réduire le temps clinique. Alors, j’ai accepté », détaille Frédéric Collart.
La machine était en route. « En tant que vice-président de la métropole, j'ai vu l'importance des politiques publiques et la façon dont elles pouvaient influer sur le quotidien des habitants. » Et en 2020, il prend sa décision : il se présentera aux élections municipales de 2026. Depuis, il prépare sa candidature.
Un projet bien muri
« Mon mandat à la métropole m’a conféré les bases de la politique publique. Je savais comment fonctionnait les collectivités territoriales. Mais ce n’était pas suffisant. » Frédéric Collart retourne donc sur les bancs de l’école. En 2023, après deux ans à Science Po Paris, il valide un master en management des politiques publiques. Une formation contraignante, mais compatible avec son exercice de chirurgien cardiaque : « Je n’étais que 4 jours par mois à Paris. Et puis, ça m'a permis de sortir un peu du monde médical. Les sciences sociales sont bien différentes des sciences fondamentales qu'on a l'habitude de maîtriser en médecine. »
En parallèle, le chef de service à l’AP-HM rencontre des acteurs du monde économique, associatif et culturel marseillais pour comprendre les problématiques de la ville en termes de sécurité, de logement, de sport ou de culture.
Et en 2022, il lance son mouvement politique : « Je l’ai nommé Marseille à cœur. C’est un clin d'œil à ma ville, mais aussi à mon métier de chirurgien cardiaque. » La première réunion publique a eu lieu en septembre 2024. Depuis, Frédéric Collart se dit en pré-campagne, les candidatures officielles et la campagne électorale n’ayant pas encore débuté. Malgré ce projet prenant, le médecin n’a pas déserté l’hôpital : « Je m'appuie sur mon équipe de six chirurgiens pour la permanence des soins. Mais, j'opère tous les matins. Je travaille sur ma candidature l'après-midi et le soir. Je ne veux en rien lâcher de mon exercice à l'hôpital pour l'instant. »
Dans l’idéal, Frédéric Collart aimerait continuer d’exercer, même s’il est élu ! « Les maires ont souvent d'autres engagements. Je pense aussi que c'est bien de garder un pied dans le monde professionnel. J’aimerais m'organiser pour continuer à opérer au moins un jour par semaine. »
Aussi, il confie qu’en tant qu’hospitalier, il a passé sa vie à s'occuper de tous les patients quelle que soit leur origine sociale, « ce souvent les patients les plus fragiles qu’on croise à l’hôpital».
Il ajoute : « En politique, c'est comme en médecine. Il faut privilégier la bienveillance, l'écoute, mais aussi savoir s’entourer de gens compétents et mettre son ego de côté. »
Quel agenda politique pour Marseille ?
Le candidat aux municipales affirme vouloir « apporter une autre vision », expliquant que les politiques actuelles sont trop « codifiées et génériques. »
Premier engagement : ni de gauche, ni de droite. « J'analyse d'une manière complètement différente la politique nationale et la politique locale. La politique nationale est régie par des sensibilités politiques prévalentes. Je pense qu'à l'échelle municipale, le spectre politique est secondaire », affirme-t-il.
Encarté dans aucun parti, dans Marsactu, il expliquait vouloir satisfaire un ensemble d’électeurs allant d’une partie de la gauche jusqu’à une droite proche des Républicains.
Autre engagement : ne garder son siège qu’un seul mandat. « Si je suis élu, j’essaierais de faire le maximum de choses et me concentrer pendant un mandat sur ma ville, puis passer le flambeau à une autre génération. »
Son modèle en politique, c’est un ancien maire de Marseille, lui aussi médecin. « J'ai été inspiré par Robert Vigouroux, maire entre 1986 et 1995. Il était professeur de neurochirurgie. Pour moi, c’est celui qui a fait le plus de choses en un temps très court. Énormément de gros projets ont été lancés durant son mandat ! »
Même si la santé est plus une compétence régalienne que territoriale, Frédéric Collart a déjà plusieurs idées pour agir dans ce domaine. « En tant que maire, on peut intervenir sur l'égalité de l'accès aux soins. C’est une problématique importante à Marseille. » Il explique travailler sur des solutions pour les habitants en rupture de soins. « Ce phénomène, je le vis de l’intérieur. À l'hôpital, je vois des gens qu'on doit opérer du cœur avec des stades avancés dans la maladie parce qu’ils ne sont pas suivis et qu’il n’y a pas de prévention. »
Autre gros sujet dans la cité phocéenne : les personnes âgées. Comment permettre aux ainés de vivre à domicile le plus longtemps possible même s’ils ont besoin de soins quotidiens ou réguliers ? Comment réussir à créer des Ehpad « hors les murs » pour leur permettre de garder une vie « normale » ?
Enfin, le chirurgien cardiaque rappelle : « Marseille est une des villes les plus pauvres de France, avec même des quartiers parmi les plus pauvres d'Europe. » Si on parle des priorités des habitants, celles qui ressortent presque systématiquement sont l’insécurité, la difficulté d'accès au logement et la précarité. « Notre futur programme tendra à répondre au mieux à ces préoccupations. » D’un autre côté, Frédéric Collart souhaite préciser que Marseille est aussi une ville avec énormément d’atouts. « Nous avons un port ouvert sur la Méditerranée, une grande métropole, des gens qui vivent ensemble correctement. Et peut-être le plus important, le soleil et la mer ! »
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