Le président du syndicat des internes marseillais reproche à la direction de l’AP-HM son manque de réactivité après les coups de feu qui ont blessé deux internes de La Timone. La direction affirme avoir fait son travail.
Quelques jours après les coups de feu dirigés vers les pensionnaires de l’internat de La Timone à Marseille, une chose est claire : le Syndicat autonome des internes des Hôpitaux de Marseille (SAIHM) et la direction de l’AP-HM apportent tous deux leur soutien aux internes blessés et à leurs familles, ainsi qu’aux autres, choqués. Ils les accompagnent dans les démarches administratives et psychologiques, et agissent pour améliorer les conditions de sécurité de l’internat.
En revanche, la tension est montée d’un cran entre le SAIHM et l’AP-HM sur la forme. Le président du syndicat d’internes, Ahmed-Ali El Ahmadi, trouve inacceptable le temps pris par la direction des hôpitaux de Marseille pour réagir. Alors que la fusillade a eu lieu vendredi soir, l’AP-HM n’a parlé officiellement que lundi soir. Contactée par What’s up Doc, la direction conteste fermement des propos qu’elle qualifie de « faux et de très mauvaise foi ».
L’AP-HM se fait remarquer par son silence
Retour sur les faits. Vendredi soir, une quarantaine des 130 pensionnaires de l’internat de La Timone dînent à l’extérieur des bâtiments autour d’un barbecue. Vers 19 heures, un voisin ne supportant pas le bruit intervient et profère des menaces de mort, explique à What’s up Doc Ahmed-Ali El Ahmadi. Un peu après 22h30, des coups de carabine à plomb sont tirés depuis le bâtiment situé en face de l’internat, et touchent deux internes. L’une, interne en médecine, est légèrement blessée au dos, et l’autre, interne en pharmacie, est gravement touché au cou et son pronostic vital est en jeu. Il sera très rapidement pris en charge et sauvé, même s'il est toujours hospitalisé.
Le lendemain, vers 13h, le SAIHM publie un communiqué. Le président de l’Ordre des médecins, la ministre de la Santé et son directeur de cabinet, la FHF, les sapeurs-pompiers de Marseille, ainsi que de nombreux autres organismes, professionnels de santé, personnalités et anonymes suivent et affichent publiquement leur soutien, notamment via les réseaux sociaux. Un absent : l’AP-HM, qui se contente de retweeter les messages de soutien des autres, et qui ne publiera un communiqué de presse que lundi soir, après 20h.
« C’est l’hôpital qui a été visé »
« Alors que l’hôpital essuie des tirs – car c’est bien l’hôpital qui a été visé –, je me demande si cette communication est bonne », lance Ahmed-Ali El Ahmadi, contacté le 7 août. « Nous nous sommes retrouvés seuls pour gérer les blessés, la communication, le relations avec les forces de l’ordre… Personne n’est venu. Il y a, pour moi, de l’incompétence et une mauvaise gestion de crise de la part de l’AP-HM ».
Le président du SAIHM explique n’avoir vu le directeur de garde que le samedi, vers 10h du matin. Il reproche également la date de la première réunion de crise, fixée lundi soir, soit trois jours plus tard, alors que la situation était particulièrement grave. « Entre nous, s’il n’avait pas été traité aussi rapidement, notre collègue aurait dû mourir », souligne-t-il.
Alors que le personnel médical et de sécurité de l’hôpital ont fait preuve de réactivité le soir de la fusillade, il s’étonne également qu’aucun renforcement de sécurité n’ait été déployé durant le week-end.
Travail dans l’ombre
Du côté de la direction, le son de cloche est différent. Le directeur général adjoint de l’AP-HM, Arnaud Vanneste, était de garde au moment des faits. Il conteste fermement ces accusations. « Nous avons géré la situation avec les leviers qui sont les nôtres », explique-t-il à WUD. « Lorsque l’alerte a été donnée, la cadre de garde s’est rendue sur place, et nous avons appliqué les protocoles ».
Une question demeure : pourquoi ne pas avoir communiqué publiquement plus tôt ? « Après un évènement aussi grave, il faut travailler sur des modalités de sortie de crise », ajoute le directeur adjoint, qui dit n’avoir pas voulu publier un communiqué de presse avant que la situation ne soit plus claire, et avant la réunion de crise.
Un simple message de soutien sur les réseaux sociaux et une visite sur place du directeur de garde aurait pourtant suffi à apaiser une situation exceptionnellement grave, et les tensions avec des victimes qui se sont senties abandonnées par leur direction.
Source:
Jonathan Herchkovitch