PMA : « Tout ce que nous pouvons faire, c'est conseiller »

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Médecins en détresse cherchent interlocuteur privilégié

PMA : « Tout ce que nous pouvons faire, c'est conseiller »

Faisant suite à la tribune parue dans Le Monde sur la PMA, What’s Up Doc a voulu en savoir plus sur ce que vivaient les praticiens co-signataires. Après un premier témoignage recueilli sur le vif, la rédaction est partie interroger le Dr Catherine Avril, gynécologue à la Clinique Mathilde de Rouen. 
 

« Nous devrions être à 5 000 cycles de dons d’ovocytes par an en France pour répondre à la demande » affirme Catherine Avril, co-signataire de la tribune du Monde et gynécologue à la Clinique Mathilde de Rouen. Un chiffre théorique qui est malheureusement loin d’être atteint et qui contraint bien souvent les médecins à réorienter leurs patientes à l’étranger, faute de donneurs sur le territoire. Celles qui ne peuvent pas franchir les frontières doivent donc parfois attendre plusieurs années. 

Une situation insoutenable pour le Dr Avril : « la Normandie fait partie des régions dont la population a les moyens les plus limités » regrette-t-elle. Impossible donc d’orienter toutes les patientes hors de France, dans les centres les plus sûrs, et bien souvent les plus chers. 

« On marche sur la tête ! »

Hormis le coût, c’est également le suivi de la grossesse qui inquiète les patientes. « Les gens nous font confiance, ils préféreraient que ce soit nous qui nous occupions d’eux plutôt qu’un centre à l’étranger » explique-t-elle. « Les patientes nous appellent souvent pour nous demander conseil sur les soins qu’on leur prodigue sur place. On marche sur la tête », ajoute la gynécologue. 

Partir à l’étranger est donc d’autant plus irritant que les futures mères reviendront terminer leur grossesse en France. Sur la délicate question du financement, Catherine Avril avoue avoir été confrontée à des cas déchirants : « c’est une situation difficile » déplore-t-elle. « Nous voyons certaines patientes faire des emprunts pour leur FIV hors des frontières. Sachant que le taux de réussite dans les centres à l’étranger est de 50 %, elles remboursent parfois leur prêt pour une grossesse qui n’aura jamais lieu. D’autres fois, ce sont les grand-parents qui financent, avec leurs économies, la grossesse de leurs petits-enfants ».

Accompagner les mères célibataires

Il y a toutefois des patientes pour lesquelles le problème n’est pas le financement, mais l’accès même à la FIV. « Le désir d’enfant n’est en rien lié à la condition maritale des femmes » précise Catherine Avril, que l’exclusion des célibataires ou homosexuelles révolte. La gynécologue déplore en effet que l’on discrimine ces patientes sur des critères qui lui semblent aberrants. 

« La demande est de plus en plus forte » raconte-t-elle. Tout ce à quoi mène la loi, c’est à des cas de femmes désespérées qui font appel à des dons douteux de sperme, qui s’inséminent elle-même et qui parfois en meurent ». Un vrai problème auquel le médecin ne peut pas pallier seul. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est conseiller ces femmes au mieux. Leur indiquer quels centre sont sûrs, les types d’insémination à éviter… » . 

Le problème des couples homosexuels, mis en avant par la presse grand public, n’est finalement pas le cœur des revendications des praticiens interrogés par WUD. Au delà de la question des conditions d’accès à la PMA, c’est avant tout l’accès en lui-même qui doit, d’après eux, être repensé pour que médecins et patientes puissent sereinement envisager l’avenir.

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Source:

Johana Hallmann

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