Plan de sauvetage de l'hôpital : pschiiiit ?

Article Article

Agnès Buzyn et le Premier ministre Édouard Philippe ont présenté ce matin un plan de sauvetage de l'hôpital. Revalorisations salariales, mesures organisationnelles, mesures financières. Ces 14 mesures sont jugées de manière sévère par les hospitaliers...

Plan de sauvetage de l'hôpital : pschiiiit ?

Ca y est c’est fait ! Les mesures pour l’hôpital ont été publiées ce jour mais n’ont pas l’heur de remporter un franc succès auprès des acteurs de santé. Pour Rachel Bocher, présidente du syndicat de praticiens hospitaliers INPH, il ne faut pas confondre « agir pour l’hôpital public et agitation stérile… Nous n’avons été ni consulté ni concerté ni invité. Du jamais vu et anti-démocratique ! »

Pour le SNPHARE, « Ce "grand" plan "d'urgence" est encore une fois trop timide. Où sont les mesures choc que les soignants attendaient ? La prise de conscience ne suffit pas ! »

Pour le Dr Jérome Marty, président de l’Union française de la médecine libre (UFML), ce plan n’est que la juste continuation du plan Ma Santé 2022, qui n’a pas donné, jusqu’à présent, les résultats attendus :

Par ailleurs, ajoute-t-il, réagissant à des déclarations de Thomas Mesnier, député LREM et rapporteur du PLFSS 2020, « opposer la vile à l’hôpital est d’un autre temps ».

Trois volets 

Ce plan d’urgence pour l’hôpital est articulé en trois volets. Le premier concerne des mesures pour les personnels afin de « renforcer l’attractivité des métiers et fidéliser les soignants ». Le second touche à des mesures organisationnelles hospitalières, tandis que le troisième volet est axé sur le financement.

Pour le PH, rien de neuf

Au sein du premier volet RH, les mesures pour les médecins sont peau de chagrin. Parmi elles, l’augmentation de la prime d’engagement de carrière hospitalière (PECH) créée par ailleurs en 2017. Ce n’est pas une mesure nouvelle mais la tutelle promet de la revaloriser de 50% pour atteindre deux niveaux de 15 000 euros et 30 000 euros.

Deuxième mesure pour les PH, la fusion des 4 premiers échelons du statut de PH. Troisième mesure spécial PH, l’augmentation de la prime d’exercice territorial (PET) et l’élargissement du nombre de bénéficiaires. Encore une fois cette prime n’est pas une nouveauté, elle existait d’ores et déjà. La mise en œuvre de ces trois mesures est prévue en 2020. Par ailleurs, les hôpitaux auront la possibilité de pouvoir verser une prime annuelle de 300 euros pour valoriser l’engagement des personnels.

Quid des paramédicaux ? 

Édouard Philippe et Agnès Buzyn ont-ils pensé aux paramédicaux ? Oui, car ils n’ont pas oublié que le Collectif Inter-Urgence qui fait bouger l’hôpital depuis mars est composé de paramédicaux, avant tout. Ainsi, il est prévu d’instaurer 300 contrats d’engagement de service public (CESP) paramédicaux, assortis d’une prime de 750 euros. La tutelle a aussi prévu d’étendre la prime d’engagement dans la carrière hospitalière (PECH) aux soignants fonctionnaires en début de carrière. Son montant sera revalorisé autour de deux niveaux de 10 000 euros et 15 000 euros. L’indemnité temporaire de mobilité, qui existe déjà pour l’État, pourra être étendu aux soignants qui rejoignent les hôpitaux en tension. 

Pour les hospitalo-universitaires, Agnès Buzyn est restée très vague, promettant que leur revalorisation sera abordée « dans le cadre de la loi de programmation pluriannuelle pour la recherche, qui est en cours de préparation ». Autre mesure déjà connue, la réforme du statut de praticien hospitalier, « avec un assouplissement des conditions d’exercice pour faciliter les modes d’exercice mixte ».

Réforme de la gouvernance

Dans le cadre des mesures organisationnelles, Agnès Buzyn a promis de faire en sorte que « le personnel soignant sera mieux intégré à la gouvernance des hôpitaux et le management de proximité sera renforcé et valorisé ». On évoque là des décisions conjointes du directeur et du président de la commission médicale d’établissement, des entretiens individuels systématisés au sein de la communauté médicale, des bonnes pratiques de management reconnus… Pour autant, il n’est pas non plus question de remettre en cause la gouvernance issue de la loi HPST, qui a promu le directeur d’établissement comme seul patron de l’hôpital…

L'intérim dans la ligne de mire

Agnès Buzyn, dans le cadre de ce deuxième volet, souhaite aussi faciliter et assouplir les recrutements, en supprimant les concours de PH, en publiant les offres au fil de l’eau… Ces mesures seront également mises en œuvre en 2020. Dans le cadre de ces mesures organisationnelles, la tutelle souhaite également mettre un terme aux abus de l’interim médical. À cette fin, l’encadrement de l’intérim sera renforcé via de nouvelles mesures législatives, mais aussi, cerise sur le gâteau, la création d’une « rémunération attractive des gardes » dans un groupement hospitalier de territoire.

Hausse légère de l'Ondam

Mais c’est surtout sur le volet financier que la ministre était attendue. Pour rappel, les différents collectifs (Inter-urgence, inter-hôpitaux) attendaient un Ondam à 4% pour faire face aux dépenses hospitalières. La ministre n’a pas été sourde à cette demande, mais là aussi, les annonces ne sont pas à la hauteur des attentes, puisque l’Ondam a été réhaussé de 2,1% à 2,45%. « Cela représente un effort de 300 millions d’euros en 2020 », alors que les Collectifs attendaient au bas mot 4 milliards d’euros… La ministre a également promis de porter l’Ondam en 2021 et 2022 à 2,4%, soit une hausse pour les établissements de 200 millions d’euros…

De la même manière, les tarifs hospitaliers ne baisseront pas ou « seront en hausse », jusqu’à la fin du quinquennat. Autre mesure financière d’ampleur : à partir de 2020, 10 milliards d’euros de dettes seront repris aux hôpitaux en trois ans, afin d’alléger les charges des établissements. Cette reprise de la dette devrait permettre de « faire aboutir les réformes en cours des modes de financement : sortie du « tout T2A » grâce notamment à la hausse de la part des crédits attribués selon des critères de qualité à plus de 2 Md€ d’ici à 2022 (contre 200 M€ aujourd’hui) ; Réussir les chantiers du pacte de refondation des urgences ; S’engager résolument pour la qualité et la pertinence des soins et des prises en charge du patient afin de réduire les 30% des actes ne sont pas pertinents ». La réaction du Collectif Inter-UrgenceS a devancé les annonces de la ministre, sous la forme d’une parodie :

Le Collectif Inter-hôpitaux a réservé sa réponse lors d’une conférence de presse organisée ce soir...

Les gros dossiers

+ De gros dossiers