« Nous demandons le report de la mise en place de la dixième année de médecine générale. En l’état, elle est inapplicable » : l’ISNI appelle à la grève des internes ce 29 janvier

Article Article

Conjointement à l’ISNAR-IMG, l’ISNI appelle à la grève des internes ce 29 janvier. Dans un communiqué, l’intersyndicale demande « le report de la mise en place de la 10e année de médecine ». Celle-ci serait « inapplicable dans son état actuel ». Thomas Citti, vice-président chargé des politiques de santé, nous explique.

« Nous demandons le report de la mise en place de la dixième année de médecine générale. En l’état, elle est inapplicable » : l’ISNI appelle à la grève des internes ce 29 janvier

La quatrième année de l’internat de médecine générale a été décidée il y a deux ans. Passée par 49.3 lors de l’examen à l’Assemblée du PLFSS, cette année d’étude supplémentaire sera la dixième. Thomas Citti le souligne : « il est important de préciser que c'est la dixième année d'études qui témoigne d'un parcours long et fastidieux, bien que très intéressant. »

Pour lui, ce n’est plus à l’ordre du jour de questionner la mise en place de cette quatrième année d’internat. « Nous ne demandons pas son annulation, seulement son report. » 

Cette réforme a pour but de répondre aux enjeux d’accès aux soins et à la lutte contre la désertification médicale. Cependant, il y a encore du travail.

« Les décrets d’application nécessaires pour encadrer la réforme n’ont toujours pas été publiés »

En l’état, la dixième année d’étude des futurs généralistes est prévue pour novembre 2026. Or, Thomas Citti le précise : « Il manque plus de la moitié des maîtres de stage universitaire nécessaires. » L’objectif actuel : un maître de stage pour un interne. Pourtant, rien qu’à Paris, « il n’y a que 200 maîtres de stage sur les 650 nécessaires. À Nice, il y en a 30 sur les 80 dont nous avons besoin. » 

Le gouvernement n’a pas « réalisé d’état des lieux du nombre de maîtres de stage qui doivent être recrutés. » Pour une mise en place en novembre 2026, comme prévu, il faut avoir recruté les maîtres de stage pour novembre 2025, explique Thomas Citti. Un recrutement de masse en dix mois, mission impossible ? « Sans décrets d’application, c’est compliqué », ajoute l’interne. 

« Il ne faut pas que le docteur Junior soit un ’deuxième stagiaire’ avec peu de responsabilités. La quatrième année, c’est l’occasion d’acquérir de l’autonomie. »

Si toutefois il y avait assez de maîtres de stage, cela ne serait pas suffisant à assurer une mise en place efficace dès 2026. Un autre sujet, et pas des moindres : les locaux. 

Thomas Citti craint que cette dernière année d’internat soit un « remake » du stage en ambulatoire que les futurs médecins généralistes réalisent en troisième année. « Lors de ce stage, l'interne consulte sous la responsabilité du médecin traitant qui a un rôle omniprésent dans l’encadrement de l’étudiant. Il ne faut pas que le docteur Junior soit un ’deuxième stagiaire’ avec peu de responsabilités. La quatrième année, c’est l’occasion d’acquérir de l’autonomie. »

« Comment trouver les locaux ? Qui doit les fournir ? Qui doit les financer »

Beaucoup de questionnements restent en suspens quant aux locaux. Pour gagner en autonomie, l’interne doit exercer seul dans le cabinet. Problèmes : il n’y en a pas assez de disponibles aujourd’hui. « Qui doit les fournir ? Qui doit les financer ? » Thomas Citti n’a pas la réponse et le gouvernement doit en donner. 

« Permettre aux étudiants d’exercer en ambulatoire durant une année, c’est très intéressant. Mais, il est nécessaire de disposer de maîtres de stage et de locaux. Sinon, un bon nombre de docteur junior ne pourront pas réaliser cette année en ambulatoire et devront se diriger vers l’hôpital. Ce qui annule tout l’intérêt de la réforme. Cette année de docteur junior ambulatoire permet de réaffirmer la médecine ambulatoire et de continuer à donner envie aux jeunes médecins de s'y installer. » Ainsi, si le report n’est pas réalisé, 2026 sera une « année blanche », ce qui aggraverait la pénurie de soignants déjà bien marquée. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/moins-dinternes-la-rentree-combien-pourquoi-et-apres-rappel-des-causes-et-consequences

Quant au salaire des internes, en 2023, le ministre de la Santé de l’époque, François Braun avait annoncé un salaire pouvant aller « jusqu’à 4 500 € par mois ». En revanche, à l’heure actuelle, aucun texte n’officialise cette déclaration. 

« Notre volonté, c'est une rémunération à l'acte avec 60 % de rétrocession et une possibilité, sur la base du volontariat, de participer à la PDSA avec une rétrocession de cent pour cent des gardes effectuées. »

L’INSI demande la création d’un statut de docteur junior ambulatoire

La question du statut des docteurs juniors est primordiale pour l’ISNI. Alors que ces derniers exercent majoritairement en milieu hospitalier, un besoin urgent se fait sentir pour adapter leur statut à la pratique de la médecine ambulatoire.

Aujourd’hui, « le statut de docteur junior concerne des spécialités autres que la médecine générale », explique le vice-président de l’INSI. Ce statut hospitalier ne répondrait pas aux exigences spécifiques de la médecine ambulatoire.

« L’accord qui sera obtenu pour les docteurs juniors ambulatoires de médecine générale permettra de l’ouvrir pour le docteur junior ambulatoire de toutes les spécialités. »

« La création d’un statut de docteur junior ambulatoire est une chose qui est indispensable, que ce soit dans la gestion du cabinet, dans la responsabilité, dans les relations interprofessionnelles. »

L’Assemblée générale de l’INSI s’est portée volontaire à la création d’un docteur junior ambulatoire pour toutes les spécialités. « À l’avenir, l’accord qui sera obtenu pour les docteurs juniors ambulatoires de médecine générale permettra de l’ouvrir pour le docteur junior ambulatoire de toutes les spécialités. C’est pourquoi, la grève concerne l’ensemble des internes. », conclut Thomas Citti. 

Aucun commentaire

Les gros dossiers

+ De gros dossiers