Mnemo Therapeutics quand l’institut Curie essaime pour lutter contre le cancer

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C'est un exemple regardé de près dans le monde des sciences de la vie : Mnemo, jeune biotech travaillant sur des thérapies contre le cancer et issue de l'institut Curie, attire les investisseurs et se veut le symbole d'un monde de la recherche mêlant public et privé.

Mnemo Therapeutics quand l’institut Curie essaime pour lutter contre le cancer

Mnemo Therapeutics, officiellement créée en 2019 à partir de recherches menées à l'institut Curie, a multiplié les annonces récemment. Après avoir levé 75 millions d'euros l'an dernier, une somme importante pour une toute jeune pousse, elle vient de recruter un nouveau président, issu d'un géant de la pharmacie.

Robert LaCaze a ainsi tout juste quitté la direction de la division oncologie de Bayer pour prendre mercredi la présidence de cette biotech. "C'est une société avec une diversité de technologies, la science est là, avec le potentiel de transformer la vie des patients. Pour moi c'est une biotech mondiale émergente."

Tout a débuté avec des recherches fondamentales menées à l'Institut Curie par l'immunologiste Sebastian Amigorena, chercheur au CNRS et l'un des fondateurs de Mnemo, spécialisée dans la thérapie cellulaire contre les cancers.

"Nous avons assemblé deux plateformes technologiques complémentaires", explique le chercheur, dans les locaux parisiens tout neufs de la biotech, qui développe des cellules dites CAR-T, une nouvelle classe de thérapies visant à rééduquer le système immunitaire.

"D'une part, une plateforme de découverte de cibles spécifiques, ou antigènes, qui permettent de différencier la tumeur du tissu sain, pour aller la cibler directement", souligne-t-il. Un deuxième volet comprend "l'ensemble des technologies permettant de modifier les cellules du patient afin qu'elles éliminent les cellules cancéreuses efficacement et durablement".

Pour aller plus loin, une fois la recherche fondamentale élaborée, il fallait créer une société à part entière, indique Amaury Martin, le directeur des partenariats industriels de l'Institut Curie.

L’institut Curie a créé un incubateur de Biotech en 2016

"On essaie de faire changer la perception en France car c'est une histoire commune : certes, c'est une entreprise privée avec ses propres objectifs, et nous sommes un institut de recherche. Mais on ne réussira que si l'on continue à être étroitement liés", avance-t-il, estimant que beaucoup de biotechs échouent car elles se coupent de la recherche fondamentale.

Il s'agit d'un cheval de bataille de l'Institut Curie qui, depuis 2016, a créé un incubateur, c'est-à-dire un système d'accompagnement des biotechs, avec un guichet unique.

L'institution prend souvent en retour une participation dans ces nouvelles sociétés, dans l'espoir de pouvoir financer d'autres recherches avec les revenus potentiellement générés.

"On regarde ce qui marche ailleurs. Les États-Unis ont la capacité, à partir des travaux de recherche des grands instituts, de détecter s'il y a une technologie à pousser. On crée une entreprise, on amène des fonds, on est dans cette dynamique", explique Amaury Martin.

C'est l'un des enseignements du Covid-19 : les partenariats entre le public et le privé sont porteurs, notamment pour développer de nouvelles technologies issues de la recherche fondamentale.

Et les États-Unis, qui ont déversé des dizaines de milliards de dollars dans des organismes publics et privés pour lutter contre la pandémie, ont eu accès aux premiers vaccins contre le Covid-19, alors que la France s'est largement fait distancer.

Signe d'un changement ? En France, le projet de cluster scientifique et technologique Paris-Saclay est en cours, mêlant des universités et les centres de recherche d'entreprises.

De son côté, Mnemo, outre son laboratoire de recherche parisien, a ouvert un autre laboratoire à New York, en collaboration avec le prestigieux Sloan Kettering Cancer Center.

"Il est important d'être à la pointe au niveau international", défend Alain Maiore, l'un des fondateurs de Mnemo Therapeutics. La start-up doit entamer ses premiers essais cliniques dans des tumeurs solides et liquides fin 2023. Et espère, si tout se passe comme prévu, avoir un premier traitement sur le marché en 2027.

Avec AFP

 

 

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