#MeTooHôpital : Ces médecins qui ont été condamnés en 2024

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En guise d'espoir, retour sur des condamnations marquantes de soignants reconnus coupables de viols et/ou d'agressions sexuelles cette année. Le #MeTooHôpital a brisé l'omerta et, ces condamnations en témoignent, obtenir justice : c'est possible.

#MeTooHôpital : Ces médecins qui ont été condamnés en 2024

© Midjourney x What's up doc

En avril 2024, le mouvement #MeTooHôpital débute. Karine Lacombe, infectiologue, accuse le médecin Patrick Pelloux d’harcèlement sexuel. Par la suite, de nombreux témoignages pleuvent sur les réseaux sociaux. La parole se libère depuis plusieurs années, bien heureusement le secteur de la santé n’y échappe pas.

Des études se multiplient pour quantifier le phénomène. Résultats : deux étudiantes sur cinq sont victimes de harcèlement sexuel, 29% des médecins hospitalières victimes de propos sexistes, 30% des soignantes confient avoir été victimes d’agressions sexuelles.

L’omerta s’est enfin brisée, et il a fallu attendre 2024. Pour autant, le combat ne s’arrête pas. S’il reste encore du travail à faire, pour finir l’année sur une note d’espoir et pour que la honte change de camp, retour sur des condamnations marquantes de médecins reconnus coupables de viol ou d’agression sexuelle.

Le médecin de Châteauroux qui filmait et agressait sexuellement ses patientes

Jacques Olsina, médecin généraliste, a été reconnu coupable de viol et d’atteintes sexuelles le vendredi 19 avril 2024. Le médecin a reçu une condamnation lourde et justifiée : 11 ans de prison, 10 000 € d’amendes et une interdiction définitive d’exercer.

Lors de leurs auditions, les victimes ont évoqué des attouchements de l'ancien médecin généraliste sur la poitrine et le sexe lors d'examens médicaux, entre décembre 2013 et décembre 2020.

Pour Me Sébastien Robin, un des avocats de deux plaignantes qui se sont constituées parties civiles, « il n'est pas certain que toutes les victimes soient présentes », les enquêteurs « n'ayant a priori pas réussi à remonter avant 2010-2011 ». Les victimes, au nombre de 24, sont essentiellement des femmes placées sous curatelle.

L'affaire a démarré à la suite du signalement d'un représentant légal d'une des victimes, en 2020.

Lors des perquisitions au cabinet médical, les enquêteurs ont découvert dans le matériel informatique des vidéos compromettantes de patientes, filmées à leur insu, avec un téléphone portable pendant la consultation médicale.

Le généraliste demandait à ses patientes, qui présentaient une certaine fragilité psychologique - des femmes sous curatelle notamment - de se masturber ou prendre des positions explicites, selon une source judiciaire.

« Dans l'esprit de ces femmes c’était : ‘C'est le docteur qui demande donc s'il demande c'est qu'il faut le faire’ », a expliqué Me Robin.

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Un médecin breton condamné pour des viols sur son ex-épouse

Le Dr Antoine Devulder, jugé pour des viols répétés sur son ex-épouse, ne s’est pas présenté à son procès devant la cour d’assises du Finistère le 18 décembre 2024. Il s’est volatilisé de son cabinet et demeure introuvable. 

Les faits reprochés à Antoine Devulder sont graves : il était accusé d’avoir violée et violenté son ex-épouse à plusieurs reprises, entre 2015 et 2016. Début 2015, le couple déménage à Scaër, une petite commune du Finistère de 5 000 habitants où Antoine Devulder installe son cabinet. Anne, infirmière de profession, accepte de travailler pour lui. C’est le début des premières violences.

Le modus operandi de l’accusé est toujours le même, explique Le Télégramme : il exige un rapport sexuel, elle refuse, il la frappe, puis la viole. 

« Il exigeait trois à quatre rapports sexuels par jours », expliquait la plaignante. « Il me disait souvent ‘dans dix minutes tu passes à la casserole’Je m’exécutais : il valait mieux dix minutes de calvaire qu’une heure de violence ».

Des violences qui continuent, malgré le mariage du couple en octobre 2015. Anne se souvient particulièrement de la soirée de nouvel an qui a suivi, chez des amis.

« À minuit, il m’a demandé de monter dans la chambre pour avoir un rapport sexuel. Comme je refusais, il a commencé à me frapper. Une amie s’est interposée et lui a dit d’arrêter. Après être monté dans la chambre, il est finalement descendu, nu, nous dire qu’il était hors de question qu’il démarre une nouvelle année sans sexe ».

Après un ultime épisode de violence et un autre viol, Anne dépose plainte en décembre 2016. L’enquête révèlera que l’accusé avait déjà commis des actes similaires envers deux précédentes compagnes. 

Finalement, le médecin sera condamné à 15 ans de prison et à 3 000€ d’amende. Il devra également verser à la victime la somme de 15 000€. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui, puisqu’il demeure introuvable.

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Le cardiologue qui injectait un sédatif avant de violer ses patientes

Dr Daniel M’Bey, cardiologue, a été condamné, le 8 avril, en appel, à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Loire-Atlantique pour le viol d'une patiente et des agressions sexuelles sur deux autres. Une peine, assortie d'une interdiction définitive d'exercer une profession médicale ou paramédicale, identique à celle prononcée en première instance.

Cette nouvelle condamnation est une « satisfaction morale pour les victimes », a salué Me Raoul Ntsakala, avocat de l'une des parties civiles. « C'était le minimum », avait-il ajouté.

Une ancienne patiente âgée de 21 ans à l'époque des faits, en octobre 2018, accusait le médecin de l'avoir violée lors d'une consultation dans le cabinet libéral qu'il avait ouvert en parallèle de ses activités à l'hôpital de Pontivy (Morbihan), lors de laquelle il lui avait injecté un produit sédatif et hypnotique, du Midazolam. Elle dit avoir ensuite eu un « trou noir », ponctué de quelques flashs.

« Il n'y a aucune justification à l'administration de Midazolam, c'est l'unanimité des experts. Un produit contrôlé, délivré par la pharmacie de l'hôpital et qui n'a rien à faire dans un cabinet de ville », avait souligné l'avocat général lors de son réquisitoire

Deux autres jeunes femmes, âgées de 24 et 18 ans au moment des faits, respectivement en 2017 et 2018, l'accusaient d'agressions sexuelles, l'une à l'hôpital, l'autre à son cabinet médical. 

L'une d'elle décrivait une agression sexuelle après l'administration d'un produit « pour fluidifier le sang », comme lui avait dit le médecin. 

En appel comme en première instance, Daniel M’Bey, a nié l'ensemble des faits. Il a soutenu avoir eu une relation sexuelle consentie avec la jeune femme qui l'accusait de viol, reconnaissant là une « faute déontologique ».

Le conseil de l'ordre départemental des médecins du Morbihan, partie civile au procès, a pris la défense des victimes déclarant « s'en remettre à la cour pour garantir qu'on ne reverra pas ce type d'agissements, pour rassurer les patients futurs et actuels ».

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